Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 25 juillet 2011

CHIENNE DE VIE

Petite fable affable

Un toutou quelque peu cabot
Se plaint du sort qu’on lui réserve :
« Pourquoi supporter au jabot
Ce collier qui sangle ma gorge ?
Pourquoi faut-il que je les serve
Pour avoir une pâtée d’orge
Mélangée d’abats avariés ?
Pourquoi faut-il que l’on m’enchaîne
À la souche d’un vieux poirier ?
Me voilà sonnette et cerbère,
Jusqu’à une sortie prochaine
Mais sans espoir qu’on me libère.
Pure race, je dois mendier
Leur affection et ma pitance.
À servir je dois me dédier :
Berger ou chasseur en campagne,
Tout en constance, en assistance ;
Gardien en ville, où c’est le bagne ! 
Est-il quelque lieu où le chien
N’a pas à rendre de service
Pour être nourri mieux que bien
Et apprécié pour ce qu’il est ?! »
Un chat siamois, tout en vice,
Entend ce qu’il articulait.

« Il y a, dit-il, à se plaindre
D’être aussi maltraité que toi
Et, comme tu le fais, de geindre.
Dans mon pays, là-bas, au loin,
Tous les chiens ont le même toit
Que leurs maîtres, bercés de soins.
Ceux-ci grassement les nourrissent
Sans jamais rien leur demander
Et cèdent même à leurs caprices :
Nul chien ne chasse ni n’aboie
Chez moi et nul n’a à garder
Ni bête, ni homme, ni bois ! »

Et sur la foi de ces paroles,
Le chien se voit déjà servi,
Sans avoir à tenir de rôle.
Donc il s’enfuit sans que personne
Rien n’en sache, hors le chat ravi.
Il part sur la côte bretonne
Et s’embarque pour ces pays
Qu’on lui a dit paradisiaques
Où il vécut comme on lui dit,
Grossissant comme oison s’emplume.
Enfin, il fut bien servi quoique…
Avec du riz et des légumes !

Les demi-vérités nuisent toujours bien moins
Que les desseins de qui nous les sert. Et de loin !

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