Je me sens étranger.
Tout a changé… Tout est “arrangé”.
Je me fonds dans la foule
Qui s’enroule en houle et qui déroule
Son flux, et son surplus,
Par des rues qui ne connaissent plus
Ni mon nom ni mon ombre,
Ni calme, ni pénombre.
C’est pourtant bien là que j’ai grandi,
Entre tragédie en comédies,
Au fil de jours sans nombre.
Je suis un étranger :
Ni bonjour, ni rire à échanger
Avec ce flot de faune
Qui va et vient, grouille, sourde, aphone,
Pressée et agitée…
Seules les impasses sont restées.
Là, se tait ce tumulte,
Les lumières s’occultent.
Mon paradis s’est fait parodie :
Rues grandies, façades enlaidies,…
Tout ici sent l’insulte.
Tous me fuient, étranger
Avec ma mémoire dérangée.
Seul, l’égout à un’ bouche
Avec laquelle le pauvre s’abouche ;
Les gueules de métro
Vomissent, en théories, des troupeaux
À l’aspect juvénile
Mais à l’espoir sénile…
Dans l’air tiédi, le bruit m’étourdit
Tout ici désormais m’interdit
De retrouver ma ville.
Je m’en vais, étranger,
Un haut-parleur aboie un danger,
Des sirènes mugissent
Et les moteurs, sans motus, rugissent,
Roulent vers leur trépas.
Plus le bitume avale mes pas
Plus je me sens fantôme
Solitaire et non Homme
Ma ville “embellie” s’est affadie,
refroidie en se voulant hardie :
Une nouvelle Rome !
À ma ville étranger,
Je pars sous d’autres cieux, moins chargés,
Où l’on salue, chimère,
Chaque humain comme l’un de ses frères,
En dépit des képis
Qui, ici aussi, vont sans répit
Par chemins et par routes
Guettant qui broute ou raoute…
Mais, puisque ailleurs on me répudie,
Parmi les tutes, les taudis
Je finirai ma route…
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