Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 17 juillet 2011

VOYONS AU PRÉ

Petite fable affable
D’après la fable racontée dans Mon nom est personne
(Tonino Valerii & Sergio Leone, 1973)

Bien entendu
Seul, et perdu
Parmi les rustres,
Un moineau, sec
Comme un pruneau
D’un coin illustre,
N’ayant au bec
Nul vermisseau
Depuis des lustres
Fondait en pleurs,
Au sol pour l’heur.

Être atrophié,
Frigorifié,
L’oiseau espère
L’humanité
De ses cousins,
Qui vont par paire,
Ou leur bonté…
Quelques raisins
Et un repaire…
Mais en vain
Car rien n’advint.

Or dans le pré
À la vêprée,
Passe une vache
À l’œil brumeux
Et au poil zain.
Elle l’ensache,
Car il l’émeut,
D’un gros bousin
Sur la ganache.
L’étron pulpeux
L’assomme un peu.

L’oiseau hideux,
Dès lors merdeux,
Sur le burlesque
De son destin
- Plus qu’inédit -
Pleure, simiesque.
Le purotin
Se crût maudit,
Condamné presque,
Tel un lépreux
Aux sorts affreux.

Malgré l’odeur,
Une chaleur
Douce, apaisante,
Parcourt son corps.
Oui, il est bien !
Chose plaisante,
Meilleure encor’
Il mange un rien 
Dans la pesante
Chiure aussi.
Heureux sursis !

Tout occupé
À retaper
Son corps, son âme,
L’oiseau pépie
Le sien bonheur
Il chante, dame,
Et, sans répit,
Comme un crieur.
Puis vint le drame
Inattendu
- Bien entendu ! -

Sans feu ni foi,
Sans lieu ni loi,
Un renard passe.
Dépenaillé
Et sans pudeur,
Il le ramasse.
L’encanaillé
Malgré l’odeur,
Et sans grimace,
Le happe cru !
L’eusses-tu cru ?!

Qu’elle est là, la moralité ?
Elle est fort simple en vérité :
Celui qui te met dans la « merdre »
N’entend pas toujours, non, te perdre
Tout comme celui qui t’en sort
Aggrave très souvent ton sort !
De plus, moralité seconde
Car rien n’est un en ce bas monde :
De tes peines et heurts ouvre-toi
On peut aider qui apitoie
Mais, sur tes joies, fait grand silence :
Nulle personne, ô non jamais,
N’aime voir pareille insolence
Ailleurs, quel qu’en soit le fumet !

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