Petite fable affable
Pour se faire, ici-bas, un nom,
Mieux une « réputation »,
D’humeur toujours malgracieuse
En respiration maugréeuse,
Un petit vent sans cesse soufflait,
Et sifflait sans se camoufler.
Ruminant sans doute une vengeance,
Sans répit ni repos, cette engeance
Tirait à hue et à dia
Dans l’alentour immédiat
Du bois et du bourg qu’il menace
D’écarteler, de prendre en nasse.
Il n’était qu’embûche et guet-apens
Pour les longs cheveux des chenapans,
Les jupes, les chapeaux ou les robes
Et la glèbe sèche autour du globe.
Sautes et bourrasques, il ne tournait
Que pour, partout, tout vous retourner
De tourbillons en viles rafales,
Faisant toujours entendre son râle :
L’avoir en poupe vous soulevait,
L’avoir en proue en faisaIt baver,
L’avoir au nez donnait un bon rhume,
Bien qu’il dissipât toujours la brume.
Mais, pour tous, ce vent-là n’amenait
Que bruits et remous dans la frênaie
Nuées aux nues et vains coups aux portes,
Tant bois et bris lui faisaient escorte.
Ce n’était que courants qui filaient,
Un air qui se prenait dans ses filets :
Ses flux et flots vous étaient contraires,
Las, quel que fut votre itinéraire !
Ce vent bruyant n’était pas furie,
Vite la peur de lui s’est tarie
Quoiqu’il bruissât dans ses escarmouches,
Dérobant les feuilles sur leur couche.
Flotter à son gré était folie
Lutter contre lui valait rallye,
Mais c’était devenu jeu pour celles
Aimant jouer de la balancelle
Pour être dans le vent. Lors, froissé,
Il se tut. Il en avait assez.
Tout, aussitôt, redevint paisible
Et feutré jusqu’à ce soir terrible
Où la tempête, sans prévenir,
Vint tout détruire et, pis, tout crônir.
Mieux vaut se méfier en ce monde
Du silence que du bruit qui gronde !
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