Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 juillet 2015

DU TINTOUIN CHEZ LES BABOUINS

Fable affable

Une bande de babouins vivait
En démocratie comme en un duvet :
Alors qu’elle en disait pis que pendre
C’était le moins mauvais, à tout prendre,
Des régimes avait-elle appris :
Le savoir endormait leur esprit 
Critique et leurs sens sans que ça brame ;
L’avoir consolait, reposait l’âme…

Se répandit chez eux un grincheux
En maints propos sales et fâcheux :
« Que vous dit la Démocratie, Frères ?
“Cause toujours, j’n’en ai rien à faire !”
La Dictature, son opposée,
Affirme franchement, ‘faut l’oser :
“Ferme ta gueule !”… La différence ?
Chassons donc les malhonnêtes rances ! »
La babine du babouin discourt
Ainsi sur tout : il part - faisons court -
De faits distordus jusqu’au mensonge,
Analyse en faux, et comme éponge
La plèbe, jamais à court de maux,
Absorbe et dégorge ses mots
Quand, peu doués pour l’art oratoire,
D’autres font bailler leur auditoire.

La lie du peuple fut convaincue
Puis la crème s’avoua vaincue,
Oui des ventres pleins !, chez nos prospères
Babouins que la paix rendait pépères.
Qu’attends-tu, dis-moi, pauvre électeur,
D’un bateleur calomniateur ?
Et ça babille et ça colloque
Mais la réflexion n’est que loques.
Ceux qui résistent sont dits « envieux » ;
S’époumonent ces sages, ces vieux :
« Ça soulagera maux et méninges
Et rebrodera d’espoir ton linge
De remplacer, vile fantaisie,
Les nases au pouvoir par des Nazis ?! »
Mais les urnes choisissent, ça choque,
Ce néo-tyran battant breloque.

Il chassa Étrangers, Sang-mêlés
« Empêchant son peuple d’ exceller »
Puis l’élu abrogea la Culture :
Elle n’existait pas dans la Nature !
Foutaises la santé des coquins
Et l’École pour tout-un-chacun !
Il fit traquer, chasseur inlassable,
Tous les « coupables et responsables ».

Des « erreurs » et « malheurs » du passé ;
La plupart d’eux, vite, a trépassé.
Déjà, le peuple avait la peau lisse
Au cul ; lors, il y eut la police !
La plèbe, bons singes alignés,
N’osait à tout cela rechigner :
Muet, sourd et aveugle on échappe,
Un temps, au bourreau de ce satrape !

Ceux qui votèrent l’inanité,
L’iniquité, l’inhumanité,…
Un tout autre matin se lassèrent.
En foule et, de force, remplacèrent
Le régime qu’ils avaient assis,
République, d'vint démocratie.
Il n’est, quand éclate sa colère,
Plus vulgaire que le populaire !
Les maîtres n’ont que l’autorité
Qu’on leur laisse mais, par fatuité,
Beaucoup vite oublient que, seul, le Peuple
A le pouvoir : et qu’hélas ce Peuple
Est plus impérissable que rois
Ou dictateurs ; mieux que c’est son droit,
Et même son devoir le plus noble,
De renverser ses chefs les plus ignobles.

Gouvernant, à tout peuple déçu
Correspond un dirigeant déchu
Et si tu ne plies pas, Cher Paillasse,
Il faudra, crois-moi, que tu te casses
Dès que ton temps aura trépassé,
Quand le vent, vil, vain, aura passé.
C’est de cette histoire la morale,
De l’Histoire, leçon magistrale.

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