Petite fable affable
Au pays des glaces, un fort sinistre endroit,
Deux manchots, hier amis, étaient en froid :
Ce n’étaient que noms d’oiseaux dans leurs paroles,
Que coups bec, que crocs-en-pattes,… Très drôle !
Les longs soirs de l’été étaient trop courts
Pour leurs démêlés, dont ils faisaient concours.
L’un de ces empereurs, empêcheur de rire
En rond, reprochait à l’autre triste sire,
D’être un entêté et d’avoir toujours tort.
L’autre l’accusait, mâtin, d’être retors
Et bien moins franc qu’un cheval qui recule.
C’étaient là leurs mots les moins ridicules.
Un matin, l’un d’eux, pour se débarrasser
Du contradicteur qui, par trop, le lassait
Alla donc trouver trouver le souverain suprême
Régnant sur toutes ces faces de carême.
Sans vergogne et sans fin, il le calomnie
Pour le bien, dit-il, de la colonie.
Ne sachant rien de leur remue-ménage,
Il fit fond, peu sage, sur ce verbiage.
Et statuant en son sens : le roi chassa
L’importun, son délateur récompensa !
Ne sachant rien de leur remue-ménage,
Il fit fond, peu sage, sur ce verbiage.
Et statuant en son sens : le roi chassa
L’importun, son délateur récompensa !
Beaucoup d’hommes à ces oiseaux-là ressemblent :
Seuls l’orgueil, l’égoïsme et les passions
Les guident, en tout, même dans ce qui semble
Être leurs meilleures intentions*.
* D’après F. de La Rochefoucault (1613-1680), Maximes (1665)
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