Petite fable affable
Un petit piaf mourait d’envie d’avoir diplôme
De haut vol pour pouvoir, aigle, toucher les cieux,
Tutoyer les dieux et être admiré des hommes.
Il fallait pour cela n’être, oui da, qu’audacieux
Car c’est là un brevet reconnu chez gens d’ailes.
Mais les pigeons voisins se gaussaient et raillaient :
« Qui n’a les moyens de son ambition, frêle,
Vit de prétentions, miséreux Grain Gaillet ! »
Contre toute attente, ce titi eut son titre
Et put, dès lors, planer très haut au ciel sous l’œil
Narquois des palombes de trottoirs qui, comme huîtres,
Béaient fort à le voir : « Candidat au cercueil,
Il ne se sent plus depuis qu’il a sa licence !
- De tout’ façon, on la donne à n’importe qui :
La preuve ! »… Et je passe encore sous silence
Lazzis et quolibets, les pourquoi, les pour qui,…
Chez les oiseaux, hélas, la rancœur se fait haine
Et vole vraiment bas. Lassé mais point touché,
Le friquet, un beau jour, sur leurs propos enchaîne :
« Ma réussite, amis, vous fait-elle clocher ?
Puisque c’est si facile, allez chercher ce grade
Et venez vous joindre à moi là-haut, dans les nues.
- Qu’a-t-on besoin d’une autorisation crade :
Nous savons pouvoir le faire, ça suffit. Vu !
- Vois tes piètres envols ; compare-les aux nôtres !
- Vois notre grâce en vol et tu sauras, Péteux !
- Alors venez à moi !… Soyez libres vous autres
Comme je le suis, là !
- À quoi bon, Vaniteux :
Ce qui nous nourrit est au sol, le nid en branches ! »
« Je vois, fait notre oiseau, l’envie seule vous meut :
Quand son incompétence on se cache, on fait franche
Lippée de ceux qui ont tort de réussir, eux ! »
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