Petite fable affable
Dans une grande ile où d’arides montagnes
S’emparent du ciel bleu, non loin de ces mers
Noyant leurs vagues floues, il est des campagnes
Des moins vertes et riantes à peine où amer
Vit un oiseau lyre. Bête des bois certes,
Il n’en est pas moins malheureux d’une perte.
« Oui, je suis ténébreux, veuf, inconsolé,
Moi, le troubadour de la Mélancolie :
Ma harpe pleure mon étoile en allée
Aux brises muettes et aux ciels dépolis. »
Sa douce amie n’est plus car un pélican
Mal avisé, quittant le nid de sa mère,
À l’âge où le cocon devient carcan,
La heurta. Deux ans déjà. Oh, perte amère…
De celle dont on ne se remet jamais
Même quand revient la douceur des mois de mai.
De retrouver l’Amour ses amis le pressent.
Comme si cela, parbleu, se décrétait !
Comme si on se commandait d’être en liesse !
Comme, d’un coup, si l’hiver tuait l’été
Et que tous les sentiments aux vents s’envolent
Si comme plume toute âme n’est que frivole !…
« Je reste abattu, tout seul, accablé,
Oui moi, le ménestrel aux rires abolis
Quand j’entends que, bien plus vite qu’herbe ou blé,
Sur tous les morts vous faites pousser l’oubli ! »
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