C'est donc tout ce qui reste d’un village.
Perché sur les rochers à un autre âge.
N’ont résisté au vent que quelques toits
Délavés par la pluie qui nettoie
Les plaies nées d’un soleil saignant qu’ocellent
Des lichens qui jouent aux antiques téselles.
À ces maisons s’accroche l’abandon
Des hommes. Ces ruines s’offrent en don
Aux nues bien trop bleues où grisonne,
Sous un amas de verdure où résonnent
Milles insectes, un reste de donjon.
Jadis fier, écroulé par les surgeons
Et les sauvageons sur une histoire
Oubliée, moins légende que déboires.
J’y entends par les voies embuissonées
Le pas lourd des mulets aiguillonnés
Frôlant les étals chargés des échoppes,
Renversant presque les buveurs de chopes,
Heurtant chasse-roues et même picaros.
C’est ruelle ou venelle intra muros !
Mon oreille croit percevoir là une enclume
Battue à plein bras, ici des bouts de grumes
Que jà varlopes et ciseaux feront huis
Solides ou lourds meubles. Par quelque pertuis
Mon nez retrouve l'odeur fraîche de paille
Et les effluves du foin où, fols, ripaillent
Des jeunesses qui ne sont que souvenirs,
Chimères,… car, ici, point d’avenir.
Je laisse ce havre déserté aux ronces,
Aux lierres qui jamais ne renoncent
À dévorer les maisons, aux arbres éventrant
Les toitures, renversant, proliférant,
Toute vie, drapés du cri des corneilles
Assistant à l'agonie qui, seules, la veillent…
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