Petite fable affable
Au cours d’une échappée champêtre,
Au-delà des buissons ébouriffés,
Un gros âne en proie au mal être
Baguenaude à l’ombre des hêtres,
Malgré les ronces promptes à griffer :
La liberté est ainsi tarifée.
Il songe à sa vie : « Pauvre Pomme
Que je suis !… Baudet chargé comme un bidet,
Servant matin et soir un homme
Qui, las, me traite il faut voir comme !
Croit-il que je n’ai ni cœur ni idée ?!
Si je suis sa bête de somme,
C’est surtout somme de mes qualités.
C’est là, comme l’on dit à Rome,
Mon moindre défaut : bonhomme,
Facile à nourrir, docile à liter ! »
Un milan l’entend et se perche
Auprès du naïf et fait au pleureur :
« Qu’est-ce donc, l’ami, que tu cherches ?
- Du respect… pas genre faux-derche !
Celui que te vouent tous les laboureurs
Pour qui je suis idiot ou erreur.
- Foin de tout cela : ils me craignent !
- C’est égal !… Milan, tu n’es le niais
De personne ici, et on daigne
T’offrir un lieu où tu règnes.
Oserais-tu, roi des airs, le nier ?!
- On m’offre balles et toi châtaignes !…
Le bâton vaut mieux que le fusil !
Je suis à leurs yeux une teigne
Qu’il faut tuer à bonne enseigne,
Gros malin. Je préfère les lazzis !
Allez rentre vite à l’étable :
S’il faut regarder au-dessus de soi
Pour mieux, oreillard instable,
Se remettre à l’incontestable
Place sienne, le ciel n’est soie
Qu’à qui sait rester sur son quant-à-soi ! »
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