Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 7 septembre 2016

RUE DES BERNARDINS

Petite fable affable

Rue des bons Frères Bernardins,
Un laideron et un blondin,
Devant une porte cochère,
Dans la lueur d’un réverbère,
Se mangeaient à plein le bisou,
Se faisant des gazous-grisous
Comme seul fait un véritable
Couple qui va passer à table.

Les petites sœurs du cœur
De ce coin, toute en rancœur,
Quoique femmes qu’on dit « publiques »
Se font filles bien pudiques,
Leurs Amours fuyant le jour,
Ignorant les non, les toujours,…
Elles moquent cette coquette
Et morguent l’autre, slip aux sockettes,
Qui agissaient, si mal cachés,
Tout comme s’ils étaient couchés.
Volage, légère, galante,
Coquette mais pas inconstante,
La coquine mène le bal.
Rien entre eux n’était verbal.

Car elle est déchaînée, l’amante,
Et se sent l’âme d’une mante
Qu’importe la vaine rumeur, 
Ell’ veut que se mêlent leurs humeurs.
Les filles sifflent et, facile,
Réveillent les vieux fossiles
De ce quartier à demi
Réveillés… ou, las, endormis.

Yeux et fenêtres s’allument
Et les regards fouillent la brume…
C’est vu !… On crie à la catin
Décatie, hurle à la putain !
Les amants fuient. On alerte
Le mari marri de sa perte…
De cancans mesquins en ragots
Compatissants chez les bigots
La rue sut vite l’infortune
De ce cocu cousu de tunes,
Puis la ville en a brui,
Avant que meure la nuit.
Si l’Amour, chez nous, est aveugle,
Les voisins pas… et le meuglent !

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