Petite fable affable d’après (J.-B.-)Victor de Perrodil (1862)
Aux confins d’un lac une bernache snobait
Le monde qui venait admirer bouche bée
Sa beauté, sa taille et son port. Dame Nature
A été généreuse avec cette créature
Qui en est rendue prétentieuse à souhait.
À tous ceux qui la « badent », de l’élan, benêt
S’il en est, aux industrieux castors des mares
Elle tonitrue dans un bruyant tintamarre :
« Qui plus est je nage avec grâce dans les eaux,
Marche avec élégance au sol et si mes os
Risquent gros, bellement vers les nues je m’envole.
Qui parmi vous, les laiderons, les malivoles,
Peut, sans paraître ridicule, en dire autant ?
- À dix métiers, dix misères comme antan
Disait mon père, lui répliqua sans finesse
Un lemming. Tu braies et, aussi sotte qu’une ânesse,
Te pares de talents pour nous faire pâmer…
- Ta jalousie, l’ami, est défaut à blâmer…
- Ton arrogant mépris, Mère l’Oye, m’indispose
Car tu oublies que faire ici beaucoup de choses
Tant bien que mal ne vaut presque rien :
Mieux vaut n’en faire qu’une et la faire bien ! »
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