Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 1 mai 2019

QUAND LA NOTE EST SALÉE, ‘FAUT SE SUCRER !

Petite fable affable

Un renard fut nommé pédagogue des bois.
Rien n’expliquait ce fort étrange choix
Sauf que ses bons services ne coûtaient guère,
Qu’on ne le payait qu’après qu’il eut fait guerre
De siège répétée au comptable hibou.
Renfrogné ou rechigné, il ne donnait sous
Qu’avec des hauts cris, cornant fort aux oreilles
Des quémandeurs et des larmes sans pareilles
Dévalant ses joues ou des gros grincements
De bec accompagnés, mais fugacement,
De grimaces de douleur,… Car tout en zèle
On semblait amputer ce bubo d’une aile
À simplement lui réclamer son dû !
Tous, dont Renard, se lassaient de ce tordu.

Les élèves de notre rusé étaient mutins,
Rebelles en diable et paresseux de grand teint.
Chaque heure lui était fort difficile
À gagner avec cette bande d’indociles ;
Avec les devoirs sur table, c’était l’enfer :
Chaque note devenait problème offert.
De guerre lasse, un matin, il se propose 
De contenter qui n’a eu, pour sa prose,
Un résultat louable : « Bon, donc ce sera
Un euro le point !… Et qui paiera verra
Car je n’ai, vous le savez, qu’une parole ! »
Nul ne trouva à redire chez ces droles ;
Personne ne mentionna que le vénal
Mène tout droit le corrompu au pénal…

Et ce fut aussitôt la foire d’empoigne
Entre élèves réclamant, sans trop de cagne
Pour l’heure, entre rire et pleurs, à cors, à cris
Les points promis tendant des billets pris
Sur leur bel argent de poche sans vergogne.
Le renard prit dix euros à la carogne
De gosse du hibou : « Bien !… Tant promis
Tant tenu ! fit-il. Voilà mon jeune ami ! »
Il s’approcha du prétentieux rapace
Qui arborait, déjà, sourire en sa face
Et sur sa copie médiocre, il plaça
D’un rouge vif, dix points ronds en deçà
De la note, provoquant rire en sa classe.
Puis le maître ajouta d’un ton de glace :

« Quels que soient ses fonctions, voire son rang,
Qu’il soit un manant, un comptable ou un Grand,
Méfie-toi de qui dit n’avoir qu’une parole
Autant que de qui n’en a pas… C’est pas drôle ? »

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