Petite fable affable
Sur un sureau, l’osmie s’affairait,
Du pollen plein la poche et les pattes.
Et ne vit pas, cette bonne pâte,
Qu’une abeille vint à l’effleurer.
« Pousse-toi de là, grosse rouquine ! »
Fit cette-dernière, taquine.
Puis l’abeille baillant, continue :
« Je butine, moi, Reine des nues.
- Et que crois-tu que je tricote, hein ?!
Dit l’autre à cet hôte pis que Hun.
J’étais là première : va vrombir
Plus loin au lieu de m’estourbir
Avec tes bêtises qui me filent
Le bourdon tant, las, tu les enfiles !
- Toi tu n’as ni patrie, ni patron
Alors change de ton, salon étron ! »
Ces deux cousines se bronzinèrent
Des amabilités, s’affairant
Comme il convient à leurs mœurs et rang,
Entre deux mots faits coups de tonnerre ;
L’abeille vantait haut son travail,
L’osmie moquait la vie de bercail
Où on frôle frelons et ramondes.
« Mais j’œuvre pour le maître du monde,
L’Homme, qui décide de nos vies
Ou morts, à tous. Et j’en suis ravie !
- Te voilà mielleuse hypocrite
Et plus piquante. Tu démérites !
Ton homme cultive son jardin :
Tant que tu donnes, il n’est pas gredin ! »
Le nectar monte au nez de l’abeille :
« Il te juge nuisible aux treilles !
- Moi, Ma Belle, avant d’aider les autres
Et d'en tirer une aura d’apôtre
C’est aux miens, eux seuls, que je pense
Et à ce qu’ils auront dans la panse,
Non aux qu’en dira-t-on joviens.
Ce n’est pas glorieux, j’en conviens,
Et peut-être que d’aucuns s’en choquent
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