Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 15 octobre 2014

LE JUGEMENT D’HERMÈS

Petite fable affable

« Vendeur, Voleur ont la même initiale ! »
Clamait un marchand d’Athènes, routier
Pendant une initiation filiale
Aux arcanes de son si dur métier.
Il prétendait avoir dupé tout l’Attique
Tant il possédait, par Zeus, de sens pratique ;
Jamais bon marché, par lui, n’échouait.
Quand ce rouleur hâbleur se sentait floué,
Il rossait son vieux baudet, une rosse
D’âne qui servait à tout et à rien
Et dont il ne soignait ni plaie ni bosse.
C’était son unique ami, son seul bien,
Qu’il nourrissait de coups, de vent et d’eau claire,
Le faisant marcher tant que le jour éclaire.

Le rusé, menteur et trompeur, pour tout salaire
Offrit à son fils, trop honnête à son goût ,
Un siège de vain rameur aux galères.
Il en obtint un bon prix, par son bagout,
Car le gamin était plutôt rachitique.
Ce croquant aimait à duper sa pratique.
Aussi il n'était de bonheur plus grand,
De fortune plus belle pour l’effarant
Fripon que de savoir, ses affaires faites,
Que son client comprît, certes avec retard,
Qu’il l’avait floué alors que la défaite
Paraissait être au marchand, roué routard.
L’Homme étant facile à berner, ce vil Perse
Veut entreprendre le Dieu du commerce.

Hélas pour lui, une idée aussi perverse
Que de vouloir bluffer et blouser un dieu,
Ne peut être ignorée du vent et des averses,
Donc de Cieux peu miséricordieux
Sur ce chapitre et sur celui du blasphème.
Comme on n’est souvent trompé que par soi-même,
Notre Homme, le plus bête des animaux
Et le plus bestial, avant de dire mot
Fut transformé en bête de somme
Par Hermès qui l’offrit au fils affranchi
Et au vieil âne mal en point fait homme.
On dit que, depuis, l’ex-marchand en chie !
L’Ailé lui aurait murmuré : « Est piètre
Qui traite l’autre comme il ne voudrait l’être ! »

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