Petite fable affable
Dans une courette, deux chats,
Copains comme cochons, chahutaient, liesse
Momentanée de ces pachas
Allant de jour ou de nuit, sans presse
Et sans souci, sans fin ni faim,
De la sieste à l’assiette, avec adresse,
Sous l’œil d’un vieil aigrefin.
Les deux compagnons l’interpellent :
« Eh, Grand-Père, n’as-tu, toi, point d’ami,
Pour jouer entre deux coupelles
De lait ?
- Si fait, Gamins. J’ai un « ami ».
Un seul car, comme disait l’homme
Sage* : « Rien n'est plus commun
Que ce nom et rien n’est plus, en somme,
Rare que la chose. » Moi, chanceux, j’en ai un !
- Et qui est cet heureux élu, l’Ancêtre ?
- Le hibou du vieux chêne, Enfant !
- Il est plus taciturne que notre maître
Ou toi… en moins ébouriffant !
- Mieux vaut un ami timide
Dans l’expression de ses sentiments
Mais qui saura toujours, et au bon moment,
Te tendre une main, même humide,
Qu’un volubile qui te tapera
Dans le dos pour mieux t’y planter, traître
Le poignard qui, las, te tuera
Ou te pousser à tomber sans y paraître… »
* Socrate semble-t-il, selon Phèdre (III, 9), cité par J. de La Fontaine (Parole de Socrate, Fables, IV, 17)
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