Petite fable affable
Fier de son talent et de son âge,
Un gros lièvre, fabuliste et conteur,
Comme un homme de lettres, sans ambages
Écrivait en lettres tout en jambages,
Une belle histoire où un renard menteur
Courant, sans fin, les chemins et les filles,
Est, un beau matin, sous quelque charmille
La dupe d’un loup plus bonimenteur
Que lui et qui, d'un soir plus vieux, berne
Le trompeur, le laissant nu comme un ver
Alors que pointe, au loin, son nez l’Hiver
Aux soirs pluvieux, aux nuits qui lanternent.
Il gratte. Et l’histoire tourne rond.
Soudain, le bouquet sent venir la panne :
Son encre mièvre le fait marron,
Et sa plume insipide s’interrompt.
Plus d’idée, pas de chute ni de vanne.
Sire Loup, prince de la piperie
Et Renard, roi de la grivèlerie,
Cherchant sous toutes les nues ce bel âne,
L’autre moitié du ciel, sans emploi,
Attendent les mots qui coulaient comme onde.
Ne revient pas la faconde féconde ;
Ils tournent en rond, seuls et aux abois.
Le coureur se vêt vite et file au gîte
D’un écriveur, lapin de bon conseil,
Qui sur tout, et vite, et bien cogite,
Quoi qu’il fût victime de méningite.
Mais c’est son parent plus que son pareil,
Que ce fort vieil oreillard cynique
Qui a l’esprit vif, le mot laconique
Et un vrai bon sens toujours en éveil.
Il lui avoue le but de sa visite.
« Mon jeune pair pas si spirituel
Que ça, ton problème est très actuel
À te répondre franchement j’hésite…
Mais l’idée m’en pousse sous le chignon :
À réfléchir mieux à ton problème
Comme poindrait, matin, un champignon,
En fait, l’ami, tu mérite des gnons !…
Pourquoi ce museau et cette peau blême ?!
Je suis, vieux, cloué dans mon fauteuil
Comme je le serais au fond d’un cercueil
Et tu ne viens que pour ton dilemme ?
Ois bien mes mots : “Fuis l’égoïste
Sans cœur que, même s’il joue les courtois,
Son intérêt, et lui seul, mène à toi !”
Sur ce, serviteur, cher Allégoriste ! »
Un gros lièvre, fabuliste et conteur,
Comme un homme de lettres, sans ambages
Écrivait en lettres tout en jambages,
Une belle histoire où un renard menteur
Courant, sans fin, les chemins et les filles,
Est, un beau matin, sous quelque charmille
La dupe d’un loup plus bonimenteur
Que lui et qui, d'un soir plus vieux, berne
Le trompeur, le laissant nu comme un ver
Alors que pointe, au loin, son nez l’Hiver
Aux soirs pluvieux, aux nuits qui lanternent.
Il gratte. Et l’histoire tourne rond.
Soudain, le bouquet sent venir la panne :
Son encre mièvre le fait marron,
Et sa plume insipide s’interrompt.
Plus d’idée, pas de chute ni de vanne.
Sire Loup, prince de la piperie
Et Renard, roi de la grivèlerie,
Cherchant sous toutes les nues ce bel âne,
L’autre moitié du ciel, sans emploi,
Attendent les mots qui coulaient comme onde.
Ne revient pas la faconde féconde ;
Ils tournent en rond, seuls et aux abois.
Le coureur se vêt vite et file au gîte
D’un écriveur, lapin de bon conseil,
Qui sur tout, et vite, et bien cogite,
Quoi qu’il fût victime de méningite.
Mais c’est son parent plus que son pareil,
Que ce fort vieil oreillard cynique
Qui a l’esprit vif, le mot laconique
Et un vrai bon sens toujours en éveil.
Il lui avoue le but de sa visite.
« Mon jeune pair pas si spirituel
Que ça, ton problème est très actuel
À te répondre franchement j’hésite…
Mais l’idée m’en pousse sous le chignon :
À réfléchir mieux à ton problème
Comme poindrait, matin, un champignon,
En fait, l’ami, tu mérite des gnons !…
Pourquoi ce museau et cette peau blême ?!
Je suis, vieux, cloué dans mon fauteuil
Comme je le serais au fond d’un cercueil
Et tu ne viens que pour ton dilemme ?
Ois bien mes mots : “Fuis l’égoïste
Sans cœur que, même s’il joue les courtois,
Son intérêt, et lui seul, mène à toi !”
Sur ce, serviteur, cher Allégoriste ! »
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