Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure ;
C’est moindre mal que j’endure
Quand d’autres ont à carêmer…
On dit que ça me rend bête
D’être aussi dingue de toi,
Qu’il est sot de perdre la tête,
De rester béat, pantois
De te faire des courbettes
Quand t’es là, d’être courtois
Quand tu viens sous mon toit.
On me dit que je fais la tête,
Dès que je suis loin de toi,
Mordant comme malebête
Et puant comme un putois
Ou chiant comme un esthète
Quand t’es repartie chez toi,
Ou ne m’as pas vu, l’air matois.
Si je suis fou de t’aimer
Que cette folie me dure.
Ma vie est moins vide et dure
Depuis que tu l’as gemmée…
Si cet espoir n’est qu’un rêve
Que l’on me laisse rêver…
Si ton cœur me laisse en grève
Si je dois être endêvé
D’avoir espéré la trêve
De jours nés pour me shaver,
Que l’on me laisse rêver…
Et si, de dépit, je crève
Aveugle à leurs bras levés,
Tu es mon sang et ma sève
Sourd à leurs mots enlevés,
Et même si ça m’achève
Que ton corps soit soulevé
Par un tout autre, embrevé…
Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure ;
Ce mal vaut mieux que froidure
D’un cœur ne pouvant flemmer…
Fada, dingo, donc risible,
Je suis malade de toi ;
Givré, tapé, nuisible,
Pour d’autres ; sens aux abois
Âme jamais paisible,
Timbrée,… Je suis invisible
Quoique malade par toi !
Si à te voir je m’élève,
Mots et regards me foudroient :
Frappé, mordu,… pour une Ève
Avec laquelle j’ai droit,
Moi le bouffon, à de brèves
Paroles mais à l’endroit
De qui, ni mot maladroit
Ni, las, tabou qui se lève…
Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure
Tout aussi longtemps que durent
Les amours des désarmés…
Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire