Quand, hélas, je me sens victime
D’une injustice ou, pis, d’un crime,
Que parole me blesse de prime
Mon dol son millésime exprime
Me comprime l’esprit, m’opprime
Comme le feraient certains régimes.
Qu’est-ce qui donc le supprime
Et sans guère que je m’escrime ?
La détresse se noie aux rimes,
En vers se dissout la déprime
Qui d’un neuf sourire se grime !
Quand je m’abime, en anonyme,
Dans quelque abîme, synonyme
De fin, l’âme pusillanime
Et le cœur devenu minime
Qu’est qui ma flamme ranime
Et fait qu’à nouveau je m’anime ?
Une strophe venue en dime
S’offrir à de nouvelles cimes ;
Une image ou une maxime
Qui me font reprendre ma lime
Et mes affres et mon mal décime.
Quand je me sens las, cacochyme,
Ne me croyant plus légitime
À forger des odes infimes
Sur mes pensers intimes,
Sur mes convictions ultimes,
La plume, comme un vieux mime,
Me pousse à cette pantomime
Qu’est la quête du « sublime »,
Du mot valant plus qu’un centime
Évoquant l’amour, l’air maritime,…
Je m’apaise alors et sans frime.
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