Petite fable affable
« Le passé n’y fait rien, l’avenir n’y suffit ;
C’est le présent qui soulage » disait Antoine*
À qui voulait bien lire la folle avoine
De ses fables qui me sont comme un vrai défi.
« Hélas ! Mille projets ne valent pas une œuvre !
La mienne n’est que ma vie où la pieuvre
De l’échec et celle de l’erreur ont foutu
En l’air tant de choses et m’ont fait simple fétu ;
Je recommencerais si c’était à refaire,
En gommant mes faux pas, en évitant de faire
Tout ce qui m’a fait trébucher ou, pis, chuter ! »
Disait un vain cafard à une vile punaise
Alors qu’il doutait, au creux d’assise de chaise
Paillée d’avoir encore longtemps à lutter
Pour vivre, sain, serein, ses dernières heures.
L’autre n’aime guère que tant sur soi l’on pleure.
« La vie, vil sottard, est vis et colimaçon
Qui, las, nous fera monter de toute façon
Vers un meilleurs ailleurs auprès du Patriarche
Qui nous fit comme nous sommes et nous donna
Le destin que furent, nos jours, toutes ces arches
Fleuries, ces sombres tunnels loin du Nirvana,
Pour lesquels on ne peut avoir qu'une démarche :
“Toujours l’escalier se balaie par le haut
Mais se construit par le bas, et pas presto ;
Alors qu’il se monte, toujours, marche après marche !” »
* Antoine Houdar de La Motte (1672-1731)
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