Petite fable affable
Un renard tend un billet de banque
À ses enfants en disant : « Qui le veut ? »
Aucune patte à l’appel ne manque,
Chacun des roux renardeaux fait l’aveu
De sa cupidité. Là, leur père
Chiffonne le tentant papier-monnaie.
Même question au sein de ce repaire.
Même réponse identique, vous devinez.
Aussitôt pris de folie soudaine ou d’ire,
Le roué froisse son beau bifton
Plus qu’on le ferait d’un torchon à vrai dire.
Nouvelle interrogation qui fond
Sur la nichée étonnée dont la réponse
N’a pas changé tant et si bien
Que son géniteur macule, sans annonce,
Ce billet auquel tant on tient.
Et tous ces jeunes ventres blancs se refusent,
Tout en crocs et dents, d’abandonner
Ce cadeau crotté. Alors, mine confuse,
Le renard au lieu de le donner
En déchire un bout mais c’est une identique
Unanimité qui lui répond
Quand il ose, encor’, répéter sa réplique.
Il dit alors ce fier fripon :
« C’est belle leçon que vous venez d’apprendre :
Dans votre vie mes bons enfants,
On vous froissera, vous salira à rendre
Vos cœurs bien plus faibles que des faons ;
On vous brisera aussi. Quoi qu’il advienne
Vous gard’rez, de juillet à juillet,
Contre vents, marées ou bien pluies diluviennes
Votre valeur comme ce billet ! »
À ses enfants en disant : « Qui le veut ? »
Aucune patte à l’appel ne manque,
Chacun des roux renardeaux fait l’aveu
De sa cupidité. Là, leur père
Chiffonne le tentant papier-monnaie.
Même question au sein de ce repaire.
Même réponse identique, vous devinez.
Aussitôt pris de folie soudaine ou d’ire,
Le roué froisse son beau bifton
Plus qu’on le ferait d’un torchon à vrai dire.
Nouvelle interrogation qui fond
Sur la nichée étonnée dont la réponse
N’a pas changé tant et si bien
Que son géniteur macule, sans annonce,
Ce billet auquel tant on tient.
Et tous ces jeunes ventres blancs se refusent,
Tout en crocs et dents, d’abandonner
Ce cadeau crotté. Alors, mine confuse,
Le renard au lieu de le donner
En déchire un bout mais c’est une identique
Unanimité qui lui répond
Quand il ose, encor’, répéter sa réplique.
Il dit alors ce fier fripon :
« C’est belle leçon que vous venez d’apprendre :
Dans votre vie mes bons enfants,
On vous froissera, vous salira à rendre
Vos cœurs bien plus faibles que des faons ;
On vous brisera aussi. Quoi qu’il advienne
Vous gard’rez, de juillet à juillet,
Contre vents, marées ou bien pluies diluviennes
Votre valeur comme ce billet ! »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
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