Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 29 juillet 2020

L’AFFAIRE DES PIGEONS

Petite fable affable

C’était temps de chien à ce qui semble,
Un temps à ne pas mettre un chat dehors
Où les pigeons prospèrent mais ne tremblent,
Prospectent en quête d’un vrai trésor
Arpentant sans fin, en maître, non hôte,
Et se dandinant prou, la tête haute.
Or la pluie chafouine dura tant
Que ces nuisibles-là prolifèrent
Et que l’idée folle, conçue de longtemps,
De les éradiquer revint. On confère
Au village de la bonne façon
D’agir. On n’est pas nous des mollassons…
Chez ces trotteurs des nues vite les choses
Voyagent… Et surtout pour les moins roses.
Or, au lieu de fuir ou de concert
Lutter, chacun, hélas, plaida sa cause 
Auprès des Hommes ce qui fort dessert :
Ne prêcher que pour sa propre chapelle
Quand tout le diocèse est en danger
Cela, Amis, rien ne vous rappelle ?
L’oiseau vaut l’humain le moins dérangé.

L’élu qui fertilisait les tuiles
De l’église fit savoir qu’il mangeait
Vers ou mouches, non ces grains à huile
Ou à farine ni ces pois rangés
Dans les jardins. « Aussi donc, que m’épargnent
Et votre noir courroux et votre hargne ! »
Quant aux familles crottant les chenaux
Elles protestèrent qu’en ce bourg on ne chasse
Pas aussi les bergers, dont les agneaux
Laissaient leurs fèces au pavé, ni qu'on ne pourchasse
Ces vachers dont les bons sujets bousaient 
Le pavé, danger pour les marmousets.

Rien n’y fit, hélas, même si la fiente
Colombine pue moins que l'usagée
Pissotière de ce lieu. Bruyante
Délibération décida, A.G.
Agitée, qu’on lâcherait tous les chats
Pour exterminer d'un coup ces infâmes bêtes
Qui infestaient tout le village : achat
De chimie nuirait à notre si belle herbette.

Bel et bon ménage firent félins
Feulant mais, las, ceux-ci vite pullulent
Défigurant partout le patelin
Et abords. On résolut que ces pustules
Étaient à détruire et donc on leur fit
Courir sus les chiens avec profit.
Mais les cabots, ivres de réussite,
S’émancipèrent en saccageant le bourg.
On s’en défit avec quelque illicite
Poison et force pleurs pour le débours,
Comprenant mais un peu tard, pauvre foule,
L’adage qui court même chez les poules :

Ne faisons pas faire par autrui 
Ce que l’on peut faire, sans mal, soi-même,
À moins de se compliquer une vie 
Qu’on veut se simplifier un pouième…

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