Cycle toulousain
« Me fa plan cagar ! » tempêtait l’Ancien
Dans son patois qui était parler sien,
Celui si doux d’une enfance peu tendre,
Celui qu’on ne pouvait plus jà entendre,
En langue bien moins morte qu’oubliée,
Sauf au bon bec des ménines aux voix rouillées,
Portant panier et sombre tablier,
Au coin des bouches édentées, où jà pègue
Un mégot roulé, des pépis qui roumèguent,
Honni de tout urbain, des « Parisiens »,
Ces « têtes de veaux », ces « têtes de chiens »…
Souvent, il me résonne encore à l’oreille
Des « Atal ! », des « Cal so que cal ! » sous les treilles
Ou des « Macarel, y’a quicom que truca ! »
Ponctués de « Milo ditz ! » ou d’« Atz’aquo ! » ,
Trahissant langage venu d’un autre âge,
Quelque idiome faisant passer au village
Pour idiot, d’aventure, au bavardage
D’un estranger lettré, d’un « Parisien »
Trop « têtes de veau », très « tête de chiens »…
Nous, siouplet, ça nous faisait bien rire
De les voir se parler sans rien se dire !
Et, couçi couça, tous ces bons paroissiens
Crachant pas sur leurs voisins, en citoyens,
Causaient des branques et des cabourds de ce monde
En mots simples que l’escola dit « immondes »
Et le journal, las, passer de mode après.
Un verbe de vieux sentant, sans apprêt,
Notre glèbe et qui s’invitait sans arrêt
Dans leurs paroles mais, jà, pas chez leurs drôles
Destinés à d’autres vies, à d’autres rôles,
Plus citadins, « Et oc ! », plus « Parisiens »,
Plus « têtes de veaux », plus « têtes de chiens »…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire