Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 3 juillet 2021

À LA NUIT LA NUIT

Il aimait très fort son lit
Ce n’est en rien délit,
L’autre aimait la nuit
Et là est l’ennui.

L’un avant minuit,
Journée étant accomplie
Et l’ayant tout amolli,
La conscience abolie,
Rêve, comme à l’hallali,
À un monde moins pâli
Que là où il vieillit,
Où il crève d’ennui…

L’autre, en belle-de-nuit,
Se met à son établi
De feuilles et les remplit,
De mille mots recueillis
En vers polis, repolis,
L'âme désensevelie
Le cœur en mélancolie.
Ce pour tuer l’ennui.

Celui qui aimait son lit,
Celui qui aimait la nuit
Étaient pareils, démolis
Et par leur Temps avilis.
Celui qui aimait son lit,
Celui qui aimait la nuit.

Qui avant la mi-nuit,
S’était enfoui au lit
Faisait des rêves son repli,
De roses les a emplis,
De doux sentiments remplis,
Loin de ce qui salit
Et de ce qui affaiblit :
Il fuyait dans sa nuit.

L’autre au coeur de la nuit,
Havre l’ayant acceuilli
S’étant enfui du lit,
Réinvente et embellit
Une vie pas si jolie
De ses lapis-lazuli
Se la rend plus accomplie
Et là, à nul ne nuit.

Qui aimait si fort son lit
En ses draps pleins de bruits
Et qui aimait la nuit
Étaient amis de l’Oubli…

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