Assis sur mon banc, tel Miron mirant la mort,
Plutôt qu’avec une lippe de croque-mort,
J’écoute trois têtes de pipes qui papotent
D’« Hier », du « Bon Vieux Temps » passé, entre potes.
J’entends ces pipes qui ne veulent se casser,
Aux pas petits mais à la voix jamais lassée
Qui vit et vibre de vœux vains dont ils s’enivrent
Et de vents inventés, la mémoire en roue libre.
Ce sont preux provinciaux au verbe roi
Qui du passant piteux peuvent faire leur proie :
Là, si on l’en croit, un petit Picard que puces piquent
Qui soule ses pairs de souvenirs éventés,
Répétés, pleurant ses cheveux partis, épiques,
Depuis l’époque où pavés volaient. Bonté !
L’autre, Provençal ventripotent, se parfume
Au pastis, et rappelle qu’il est mal portant,
Sa vie pipotant, que son palpitant, poids plume,
L’empêche de se remplir la panse « Pourtant ! ».
Le dernier, Poitevin au poux atypiques
Se perd dans ses parlotes. Moins replet,
Plus simplet, il pionce auprès de ses deux pratiques
Autant qu’il jaspine le clapet du papet !
Ces trois vieilles branches, « toujours vertes et solides »,
Naviguent à vue, effeuillant leur vieil éphéméride.
Ce qui fut leur « Livre », ils nous réécrivent en vrai,
Divaguant au gré de souvenirs fort pauvrets
Qui partent à vau l’eau, passant par leur cervelle,
Ponctués de pets « Pour te la servir plus belle »,
L’esprit en paix : « Vraisemblable vaut Vérité
Sinon qu’est-ce qu’i' diraient à la télé, Té ! »
C’est souvent pipeau et piperie la pérore
Chez ces trois peaux-là, qui s’épatent dès l’aurore.
Ça pépie tant que pies, ces pépés, ces pépis !
Ça ne me gêne guère, ni ne me crée dépit :
J’aime à les ouïr user ainsi leur salive
Et sais que, l’âge nous venant, on enjolive
Sans penser à mal ou aimant à couillonner,
Mais ignorais qu’on pouvait tant… postillonner !
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