Cycle toulousain
Ainsi parlait le ritou qui ne disait pas
Deux fois la messe, sauf autour d’un bon repas.
Nous nous n’étions lors que des gosses,
Des ninous acaprissats et tant amaïrits,
Même peilharots. Oc, sans craque. Ça ditz !
On n’était pas mouflets geignards aux larmes grosses,
Pleurards et lamenteurs au premier « Avisa-té ! »
Ou au second « Malfisa-té ! », figura-té :
Non pas, l’était pas né qui nous la baillerait belle
Car pignes et bignes nous avait faits, jà, rebelles :
Les nôtres savaient que l’enfance n’a qu’un temps.
Mais, siouplet, n’allez pas penser, Bonnes Dames,
Qu’on allait jamais s’en croire pour autant :
La vie ne nous épargnait peine ni drame.
On vivait tout à trac et ça, ça valait dix,
Graillant a rigofi, riant comme jadis…
Puis nous viendrait, hélas, l’âge de la gnaque,
Et de la gagne. Seront abandonnées
Les pentes usées et râpées par le cul tanné
Des gafets gâtés-pourris, ces pas maniaques
- Pardon “estafignous ” ! - qui testuts, mais pas trop,
Pour un rasclet, un quignon de pain vous iront - hop !-
Ici éclaircir les radis, là les carottes
Démarier ; castrer le maïs, tout en bottes,
Sous le cagnard, ou vendanger et ramasser
Les patanes, passé l’été et sa sécade.
Puis pour ces chaspaïres, il sera l’heure assez
De se marier une belle, une tocade…
Ainsi vivaient mes pères qui ne disaient pas
Deux fois la messe, sauf autour d’un bon repas.
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