Petite fable affable
Oyez, oyez, Messer Loup nous fut de retour.
Et ce loup-là, savait son métier et des tours.
C’était en l’an foiré où un virus, immonde
Perversité, avait fait s’encabaner le monde
Alors que le soleil, en rayons gracieux,
Tombait, chaque jour, doucement des cieux.
Profitant que l’humain se soit coupé, pour l’heure,
De tout, les bêtes avaient investi ses cités
Et ces routes où l’auto’ tue tant et apeure,
Sortant de la torpeur, sans peur, hors nuitées.
Ils se sont multipliés, ou bien, tranquilles
Et sereins, transportés jusques au cœur de villes
Muettes et vides - “vivables”, disons le mot ! -
Sans craindre Épidémie, le moindre de leurs maux.
Ce loup s’était mis au hasard des chemins, l’âme
Jà enivrée des flatteurs fumets des bons mets
À venir, et son cœur jà chaviré, Mesdames,
Des folles fumées que cache le verbe “aimer”.
Étant sans façon, farceur, cherchant aventure,
Il suivit donc les caprices des chemins,
Sinua par sentiers et sentes en verdure.
Seul. Ce qui le rendit altier comme un humain.
Par les prés il put se remplir la panse :
Prédateurs comme pasteurs étant confinés,
La faune s’était désapeurée de la danse
Des heures et des aléas de l’inopiné,
Se croyant à l’abri de toute faux mortelle ;
On vit lors en cerfs en rues !… Il les immola
Pour leur prouver que la Vie, hélas, restait telle
Qu’elle fut, aimant à peupler le Valhalla.
Il allait au grand jour, courant les miles en nombre,
Lui qui, jadis, dans l’ombre tant s’esquissait
Et dont la peau s’estompait dans toute pénombre,
Gâtant son talent d’un orgueil lassant assez.
Aussi le lupin mourut, le jour même où l’homme
Se déconfina enfin, dans un cri marquant
À la fois sa rage et sa douleur : « Pauvre Pomme,
J’ai oublié, qu’ici-bas, où tout m’est carcan,
Les bonnes nouvelles, tout comme les mauvaises
D’ailleurs, n’ont qu’un temps… même pour les plus balèzes ! »
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