Petite fable affable
Rides au front, cheveu rare et blanc, fatigue
Dans le corps, lassitude d’âme, lenteur
Du geste, trous d’une mémoire qui gigue,…
Ovide a vieilli, loin de sa garrigue.
Il soupire à qui veut encore l’entendre :
« César, hier, s’est déchaîné contre moi.
Tel un démon dément, depuis des mois
Et des années, il m’exile. il n’est pas tendre
Avec qui le blesse ou qui le contrarie :
Qui peut me dire s’il est debout, encore,
Le verger que ces mains, que rien ne dore,
Ont planté mais n’ont pu, j’en suis fort marri,
Y cueillir de fruits ?!… Ici rien ne pousse,
Hors le vent qui mouille aux larmes mes couplets.
Mais les pleurs, dis-moi, soulagent-ils les plaies ? »
Quoique ledit César soit un foudre de guerre,
Il n'aimait que les mots de serviles auteurs,
De préférence courtisans prosateurs,
Car, de toujours, les choses ne changeant guère,
Les puissants de ce bas monde apprécient
Toute œuvre à leur gloire, ici ou sur le Tibre,
L’hommage de l’écrit sauvant de l’oubli,
Mais haïssent les poètes… gens trop libres !
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