Petite fable affable
L’antiquaire qui brocantait chez nos vieux
L’inutile et le désuet, vers les cieux,
Hier soir, est parti chiner un truc ou l’autre ;
Il doit bonnimenter Pierre et les apôtres
À l’heure qu’il est et lors, ici-bas, le pleurent
Son chat et son chien, tout deux las orphelins.
En lamentations déchirantes, des heures
Durant, auprès du corps apprêté, le carlin
Hurle le panégyrique du mort, fait l’éloge
De feu son maître, prodigue en lieux communs
Autant qu’en métaphores, il encense en tribun,
Sanctifie le défunt, digne d’un nécrologe !,
Comme il est de bon ton de faire en pareil cas :
L’immortalité demande un certificat ?
Le félin, lui, là, fait silence. Extatique.
Son comparse le lui reproche : « Pathétique !…
En prône et oraison, réplique-t-il, tu loues
Non cet homme mais toi-même, toujours filou !…
En mon cœur, vois-tu, je le célèbre et le fête :
“Les grandes douleurs, nous disait-il, sont muettes”.
Je rajouterais qu'en ce monde les grands maux
Ne souffrent, jamais, ni les gros ni les bons mots ! »
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