Petite fable affable
« Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux
qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle.
La vérité ne se possède pas, elle se cherche. » (Albert Jacquard)
Reclus dans l’anonymat et le silence
Et gîtant dans les trous d’ombres de la nuit,
Un vieux chat sachant que sa vie balance
Entre mort subite et trépas rapide ennuie
Ses pairs : ces bons samaritains le soupçonnent
D’aimer petits rats, jeunes souris d’amour
Non pour les gloutir en repue, mollassonne
Religion aux félins d’alentour.
Caché d’iceux dans toutes les ornières,
Tapi à les fuir dans tous les recoins,
On n’applaudissait pas ses peu guerrières
Dispositions, on souriait en coin
De son fort habile déploiement d’adresse
À n’être point trop adroit comme chasseur,
Patte glissant en glaise, oreille qu’on dresse
Du mauvais côté,… il faillissait, fonceur.
Hélas, il ne trompait mie à voir l’air rogue
Des censeurs de tout poil, ces gens fort pattus
Prou griffus et des plus dentus, vrais bouledogues
Pour tous les leurs, quêtant, en viles battues,
L’orthodoxie qui ne serait que façade
Ou Piété cacha fort mal les tons gris
De l’hérésie, n’aimant tant qu’un air maussade
Et qu’un chat soit moins minet que mistigri.
Des censeurs de tout poil, ces gens fort pattus
Prou griffus et des plus dentus, vrais bouledogues
Pour tous les leurs, quêtant, en viles battues,
L’orthodoxie qui ne serait que façade
Ou Piété cacha fort mal les tons gris
De l’hérésie, n’aimant tant qu’un air maussade
Et qu’un chat soit moins minet que mistigri.
Ne voulant que fidèles qui ne soient points rosses
- Brebis à l’enclos, colombes en colombier ! -
Nos inquisiteurs, pis que des loups féroces
Se jouèrent du chat comme d’un gibier,
Dès lors jugé, déjà condamné, croix
De bois, croix de fer, qui dit, on peut l’accroire :
« Bien étrange Foi qui croit ce qu’elle croit
Pour n’avoir pas le courage de le décroire*. »
* D’après R. Merle
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