D’après M. Combernoux
Je vous l’affirme, ici, tout de go :
Je ne veux pas « devenir Hugo
Ou rien », ni Rimbaud, ni Verlaine
Avant de perdre vent et haleine ;
Pas question d’être Châteaubriand
Au firmament des lettres brillant,
Ou Prévert ou même Appollinaire
Par le talent ou l’imaginaire…
Je n’ai pas plus la prétention,
Me livrant tout à ma passion,
D’être l’Aragon de ce siècle,
Mes mots pesant moins, las, qu’une thècle,
Je ne serai Baudelaire non plus,
Ni Villon ni Musset au surplus…
Et pas plus qu’un nouveau La Fontaine
Révéré jusqu’aux terres lointaines.
Je ne serai que moi et, pour ça, merci.
Songez que j’ai la chance inouïe,
De vivre à une époque où la rime
Ne paie pas - on la déprise en prime ! -
Et qu’en ce temps moderne et marchand,
« La poésie n’a pas de client !* »,
Donc finirai « écriveur » en ce monde
Prompt à en rimer, matin, la ronde.
Je ne serai ni poète ni écrivain,
Espérer le contraire est fort vain.
Donnant de mes pieds à la prose ,
À l’heure de mon quatrain, tout rose
De confusion, l’ambition
En bandoulière pour l’édition,
Je vous aurai sonnet, en ballade,
Dès l’ode, offrant vers en accolade.
Ah, qu’il est bon et oh qu’il est doux,
De courir du mot le guilledou,
De s’éveiller, sans désespérance
Au bond du cœur parce que, malchance,
Sans léguer à la postérité
Ses strophes et stances méritées,
Qu’on emprisonnerait dans un livre
Alors qu’on les voulait bateaux ivres.
De courir du mot le guilledou,
De s’éveiller, sans désespérance
Au bond du cœur parce que, malchance,
Sans léguer à la postérité
Ses strophes et stances méritées,
Qu’on emprisonnerait dans un livre
Alors qu’on les voulait bateaux ivres.
Avec ma verve, avant le boulot,
Qui m’attache à ce fin fil de l’eau
Qu’ici-bas une « vie » on appelle,
Laissez-moi chanter pour ma chapelle.
Avec mon verbe allant à l’envie,
Laissez-moi écrire mes avis,
Et mes crépuscules et mes aurores,
Libre de me croire libre, encore !
* Léo Ferré
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