Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 9 mars 2020

LE LOUP ASSIÉGÉ

Petite fable affable

Ce soir-là, la malebête, s’était fourrée
Dans la gueule du loup, si je puis le dire.
Quittant forêts, taillis, passant guérets, fourrés
Il partit pour croquer, sans rien s’interdire,
De bonnes ouailles parquées en bergerie,
Pour nourrir les siens, se mettant ainsi jusque 
Dans les dents de la mort. L’homme jamais ne rit
Quand, la nuit, on lui procure un réveil brusque !

Cela faisait longtemps qu’il nourrissait les siens
Sur la bête, c’est-à-dire en prélevant chez l’homme
Sa dîme sur les troupeaux de ces stoïciens,
Gnomes qui n’aiment guère être pris pour des pommes.
C’est donc pour cela que traquenard il y eut,
Ce soir-là, aux abords d’un bercail qui, las, se vide.
Notre animal fut surpris et pourchassé à hue
Et à dia par plus féroce, plus avide,…

Avec ces diables à ses trousses, il courut
Des lieues et des lieues. Tout à bout de souffle,
Épuisé, acculé il s’assit près d’un ru.
Les hommes célébraient déjà, en maroufles,
Leur victoire par des mots, moquant l’animal.
Aux abois, cernée, la bête semblait attendre
Qu’on lui donnât la mort ou lui fît mal.
Assise, elle défiait tous ces pieds tendres.

Ils prirent pour de la résignation
Ce qui était, en fait, une noble attitude
Et bien loin de toute désolation :
Des petits sauvés du péril, la certitude
Qu’était saine et sauve leur mère ; il avait fait
Son devoir, lui l’animal. Et à cette heure,
Il pouvait mourir dignement, sans autre faix
À l’esprit qu’une paix qui n’était pas un leurre.

C’est ainsi, le vrai sage ne craint pas la mort
Même si la douleur lui a passé le mors…

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