Cycle pyrénéen
Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie est traversée de vents qui glaceraient la Loire,
Mes souvenirs sont pareils aux pans de mur écroulés
Qui accueillent les ronces de l’oubli entre ses boulets.
Les orties des pourquoi ont envahi l’herbe des rêves
Là où une cour pavée offrait une propice trêve
À mes mâles humeurs, un horizon à mes détours
D’ennui, un havre à mon désespoir érigé en tours.
Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie domine vos joies d’enfants que l’on mène au square,
D’adultes n’ayant que déboires et heures écoulées.
La faux du temps bat vos campagnes et fait des goulets
De vos jours où s’étrangle l’espoir qui n’a d’autre grève
Qu’une vieillesse naufrageuse, une mort faite glaive.
Perspective désespérant qu’aller sans retour !
Il m’a rendu serein et fort et cynique au détour.
Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je suis usé comme un grimoire, ai ridé ma mémoire
Et n’offre aux vents mauvais, dans les froides bises roulé,
Qu’ une herse tombée au pied d’une porte trouée,
Battue mais jamais abattue dans l’aube qui se lève,
Dans le crépuscule qui s’éteint et, las, vous achève…
Là, je résiste à l’annonce de mon propre trépas
Reproche planté dans l’ornière de votre ignorance,
Portant mon ombre sur les illusions déjà rances
De vos histoires qui ne sont que « faut pas » et faux pas.
Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Quand le ciel bleu, d’aventure, pleure ou se fait bouilloire,
Dans ma lassitude et dans ma solitude coulé,
Dans mes habitudes moulé, et par vos pas foulé,
Vous croyez m’avoir vaincu car jamais je ne me relève
Quand votre existence vous mène de crève à crève.
Devenu l’écho de moi-même, je l’avoue sans détour,
J’ai vécu. Quand, pour ce faire, viendra donc votre tour ?
Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je vous défie car, entre essentiel et accessoire,
Vous ne savez balancer car tout, toujours, vous voulez :
La liberté et le confort mais sans trop vous fouler,
Le toc et l’authentique mais sans en goûter la sève
Ni en payer le prix… Moi j’ai lutté face aux vautours
Et perdu, certes, mais suis toujours là, dans vos alentours.
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