Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 25 janvier 2020

LE CHEVALIER & LE DRAGON

Petite fable affable

Cette région était terrifiée
 Par un dragon. Un vrai. Authentifié
Par la rumeur et les légendes populaires.
Lorsqu’un chevalier sans faire lanlère
Se présenta pour éradiquer ce mal,
Bouter, occire ce terrible animal,
Il fut accueilli en héros par la plèbe,
Ces gens de peu et autres fils de la glèbe.

Armé, sur son cheval caparaçonné,
En armure rivetée, ici poinçonnée
Par quelque exploit et là bosselée à cause
D’une lutte sans merci ni ecchymose
Ou les croisades, il avance sûr et preux
Sachant qu’à sa vue tout péril est peureux.
Auréolé de feu solaire, il fait face
À l’antre du monstre et ose, plein d’audace
Le héler comme on le ferait d’un manant,
Le menacer d’un châtiment imminent.

« Pourquoi tant de bruit ? » oit-il, tendant l’oreille.
C’était un lézard vert, courant sur une treille
Qui l’apostrophait sans vergogne. Insolent.
« Va dire à ton maître, pleutre dragon lent
À répondre à mon défi, que je l’espère !

- Alors tu vas attendre un moment, pépère !

- Le lâche aurait-il fui en sachant mon renom
Entendant partout clamer mes gloire et nom ?
J’irai le chercher jusqu’au fond de sa grotte !

- Bonne chasse, l’ami, et fais gaffe aux crottes !

- Ton arrogance va être châtiée ;
Je serai, pour toi aussi, sans pitié !

- Le bel exploit que ce sera… Pour le reste,
De maître n’ai pas. Je retourne en sieste !

- Et le dragon de ce lieu, palsembleu ?!

- C’est moi, té !… Un bon coup de com’ et, morbleu,
Aucun plouc ne vient plus par laies et sentes.
Je vis au calme une vie fort excellente
Que tes hauts cris troublent par trop aujourd’hui !

- Comment faquin : pas de danger en cet huis ?

- Non !… Pas plus que de que de gorgone ou de chimère.
L’imagination est, disait ma mère
Qui, las, ne te connaissait pas, le meilleur
Rempart contre les importuns, les ferrailleurs
Et troubles-fêtes. Va, retourne au village !

- Je ne le puis : j’ai promis de mettre en cage
La bête effroyable ou de fourrer ses os
En sac… On rira de moi si ta verte peau
Je ramène et leur conte en tout ton histoire !

- Alors reviens-t’en chez toi !… Tous les grimoires
D’ici diront que tu mourus en héros :
De leurs mérangeoises des hommes font des rôts
Qui, jamais, ne rassasient une bien triste
Existence qui leur est poids d’un bloc de schiste ! »

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