Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 21 janvier 2020

LA TAURINE RÉVOLUTION

Petite fable affable

L’herbe était plus grasse que ses flancs.
Alors ce taureau fomenta la révolte :
Ce que l’on sème, un beau jour, on le récolte… 
Si les siens le trouvaient gonflant,
Moutons, à l’ouïr, furent moins désinvoltes.
L’écornifleur souffreteux pétri
De peurs comme une vraie poule piaulante,
Convertit même un âne flétri
Faisant tourner en bourrique une troublante
Mule et son maître, fort dénutri.

Les raisons de la colère chez ces bêtes ?
Le manque d’herbe et le fermier.
Trop d’animaux paissaient une fort maigre herbette
Et le paysan, un fumier,
S’amusait à tous les voir jeûner, l’air bête.

Et donc aux prés ça ne peut durer.
Notre taureau le signifia aux autres :
« Il faut casser enclos et murets,
Piller les greniers pour que mangent les nôtres
Qui la faim ont par trop enduré !
Sus !… Nous serons les plus forts parce qu’en nombre,
Et de nos cornes bien armés !
(L’âne, motivé, avait opiné ce point sans l’ombre 
D’une hésitation) Désormais,
À nous paix et pain ! À lui la pénombre ! »

Seuls quelques bovins hésitaient un brin :
Ce taureau maigre et braillard, quelque agréable 
Que soit sa compagnie au terrain,
Disait-on chez les vaches, prou sociables ,
- Je le tiens de quelque nourrain - 
Son absence l’est encore davantage !
Donc ses dires eurent peu d’écho
Aux maigres et secs pâturages, ce battage
Plut fort aux brebis, aux chèvres and co.
- C’est-à-dire à l’âne, lassé des paquetages ! -

Notre taureau lança, un matin,
 Ses troupes sur la ferme. Or les reçurent
Les trois chiens qui, sans baratin,
Les remirent, non sans coups, bleus et blessures, 
Dans le droit chemin comme mâtins.

Quant au meneur, il broutait, bien tranquille,
En des pâtures débarrassées
De tous leurs hôtes, fier comme un édile.
Ceux-ci se battaient sans se lasser,
Pour lui et ses idées. Général habile,
Il était de ces nombreux hâbleurs
Toujours prêts à se lever et à abattre
Un trône, criant en bateleur 
« Fi du tyran et foin du malheur :
Armons-nous, mes frères, et partez tous vous battre ! »

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