Petite fable affable
Dans cette vallée, en ces temps-là,
Milans, gypaètes et vautours fauves,
Tous oiseaux de rapine fort las
De devoir quitter tôt leur alcôve
Et y rentrer tard pour d’incertaines
Chasses, longues à payer si déveine
S’en mêlait un brin, toutes leurs proies
Réunirent un beau matin de septembre.
Ils dirent, menés par l’aigle, roi
Des cimes, : « Nous sommes tous les membres
De ce pays, avec pour ennemi,
L’Homme. Soyons donc frères et amis ! »
Suivirent foi jurée et promesses
De paix et, plus, de sécurité
Pour toutes et tous. Par cette messe,
Rapaces renonçaient à l’avidité
De leur race, désormais cors
Ne corneront sinistres accords
À tous les échos ; en ces montagnes
On ne courra plus à la curée.
On applaudit à cette campagne
De com’, souhaitant que dans la durée
Pareille initiative vive
Au-delà des mots, qu'on soit convives.
La plupart des bêtes approuvèrent fort
Et plus encore en cette idée crurent,
Corneille, oiselle éprouvée à mort
Par ces tyrans aimant la fourrure
Comme le ramage, elle, tiqua :
C’était trop beau et trop délicat.
Comme Cassandre, sans plus attendre,
Elle causa et mit en émoi ;
Mais beaucoup ne voulurent l’entendre
Et la chassèrent chez les chamois.
On put profiter de cette chance
Nouvelle qu’offrait donc “l’Alliance”.
Au bout d’un mois, dans le Paradis
Tout neuf des animaux, un carnage
Fut perpétré par nos vils oiseaux
De proie… Ils firent le grand ménage
Parmi leurs “amis”, ces prédateurs !
Et cela se sut jusqu’aux hauteurs.
Un isard demande à Corneille
Comment, elle, elle avait pu savoir
Ce qu’il adviendrait sous les treilles
Du val qu’elle dut quitter un soir :
« Il est toujours plus facile de croire
Ce qu’on espère… et on finit poire ! »
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