Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 21 octobre 2020

CHEMIN FAISANT

Petite fable affable d‘après Le bœuf & le Ciron
d’A. Houdart de la Motte  (Fables nouvelles, I, 13)

Par la Grand’Rue du village que l’astre vieux
Avait confinée pour une heure ou deux au pieu 
Pour des délices ravissent jusqu’aux bidouilles,
Un chien tirait sur la laisse de son chasseur
De maître. Il le promenait donc, car tout bredouille,
L’homme avait battu les bois le plus obscurs, le cœur
Au meurtre, sans rien ramener, ce niquedouille.

Messire Cabot, fiérot, sous ce cagna,
Une passagère clandestine gagna
À l’issue de je ne sais quelle turpitude.
La chique fuyait, corps flétri et coeur flapi,
Une verte faim née de noires solitudes,
La forçant au carême, l’acculant sans répit :
Ces deux-là rompraient donc ses rudes habitudes.

À elle, loin de sa misère sans ajour,
La chaude quiétude d’un foyer où ripaille
 Serait assurée et amitiés toujours
Renouvelées. Elle se juche donc sur l’ouaille
Du Tartarin mais craint de lui peser par trop.
Alors ce microbe se fait plus petit encore.
Pas assez sans doute car, dans son petit trot,
Le cabot s’arrête souvent pour, matamore,
D’une patte fort rageuse, le déloger. 
Se sachant crainte, la naine  joue les discrètes
Et, plus, fait ceinture de peur d’épuiser 
Son destrier plus juteux que maigre cabrette.

Se faisant légère et maigre, quoiqu’un toutou
Soit tout à la fois carrosse, hôtel et auberge,…
Notre atome se rêvait jà, passe-partout
Et risque-tout, devenir plus gros qu’une asperge
Dans un avenir rose et chaleureux, itou :
L’huis du chasseur serait premier, sans partage…
Et puis, promis, y passerait le village.

Arrivée à bon port, la voyageuse saute
À bas sa monture et, d’un mot, la remercie.
Son hôte est des plus surpris : « Qui es-tu, Nabote ?
Moi qui me pensais simplement à la merci
D’une mauvaise herbe, de celles qui urtiquent,
Rencontrée en sous-bois ! » On mesure dépit
Et courroux de cette cousine de nos tiques…
Elle le snoba ne pouvant faire pis.

Il en va ainsi de fort nombreux importuns,
Qui nous parasitent, las, sans complexe aucun
Se croyant tous, orgueil et vanité, quelqu’un…

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