Petite fable affable librement inspiré de
Les deux épis d’A.-F. Le Bailly, Fables nouvelles divisées en
quatre livres et faisant suite au volume publié en 1811, 1823 (I, 14)
À quelque temps de la moisson, deux épis
Se côtoyaient dans un champ de céréales
Lesquelles 7 Peu nous importe ici. Ils pépient,
Sous un ciel aux tendresses idéales.
L’un, sous le poids de sa manne, tout courbé,
Semble prier Cérès et sa Proserpine,
Mais l’autre porte sa tête haut, et bée.
Il lui manque un grain et - cruelle épine -
Même un peu plus, dit-on, en cette assemblée
Où voisinent et cousinent tant de blés.
Et il tient, à peu près, ce langage
À notre pénitent : « Pourquoi te casser
Ainsi le col, soumis et modeste, on gage
Que tu portes tout le malheur d’un monde lassé !
- Ma posture n’est point fruit d’une austère
Dévotion, d’une insondable plaie
Laissée béante ou de quelque chapelet
De malheurs, ni d’une imposture à te taire…
- Laisse-toi aller et bercer par les vents !…
Laisse-toi porter par le temps dès le levant !
- Je ne le peux pas car, vois-tu, j’ai la tête,
Moi, l’Ami, aussi bien pleine que faite,
Et cela, las, oblige, à la vérité,
Plus à l’humilité qu’à la volupté.
Donc point de salut hors la gravité
L’abnégation, la simplicité ! »
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