Petite fable affable
Mues par quelque envie à assouvir,
Moins que par devoir à accomplir,
Paradent des mouches au cul des vaches
Le long de la grand’rue où se cache
Un écolier fort peu pressé,
Malgré maints jurements et promesses,
De rentrer dans le rang. C’est assez,
Las, il faut y aller. D'une fesse,
Il y va : devoir à accomplir
Plus, hélas, qu’envie à assouvir !
Revenant à ses moutons, en classe
Il rentre, et à l’opprobe fait face.
Fieffé fainéant et roublard,
Ce cancre ne fera pas de lard
À l’école, mais leçon s’impose.
L’instituteur donne un devoir
Qu’il corrige aussitôt ; et la prose
De notre bon cossard est à voir :
Zéro pointé. Pas d’effort louable
Pour qui, las, dort toujours sur sa table.
« Bon, aujourd’hui, jour de bonté :
J’offre un point de plus à ce que j’ai noté
Pour tout sou qu’on me donne. Parole ! »
Nul ne trouva à redire chez ces drôles ;
Entre rire et pleurs, à cors, à cris,
Mains monnayent une meilleure note,
Y compris celles de notre aigri
S’étant fait une petite cagnotte
En récré’ : « Fort bien !… Tant promis,
Tant tenu : Voilà mon jeune ami ! »
Et pour les dix pièces, sans rire,
Que le gouapeur lui tend, sourire
En face, le régent place, en fait,
Sur la copie du clampin, en rouge,
Dix gros points ronds du plus bel effet.
Pour voir ça toute la classe bouge
Et s’esclaffe au dépit du goujat
Qui entend dans le vain brouhaha :
« Méfie-toi de qui n’a aucune
Parole et, plus, de qui n’en a qu’une ! »
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