Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 21 septembre 2014

UN GIBIER DE MONFAUCON ?

Petite fable affable

J’ai souvenance d’un espiègle,
Un pèlerin à plaindre, pauvret :
Ce faucon, qui en était un vrai,
Se voulait, et donc se pensait, aigle.
Tout ce qui brille était en or
À ses yeux, et le grand tort
De tous les Dieux fut d’omettre
Qu’il était “Grand“, de ne pas mettre
Plus en avant sa vie, lui
Dont même la plume luit…
Aussi ce veule, aux façons viles,
Mettait-il en scène sa mort,
Souvent, non sans quelque remords
Feint, de façon bien trop civile,
Quand on allait, vite, quérir
Des nouvelles ou le guérir,…
Ô combien de lassitudes
Naquirent de cette attitude ! 

Ainsi sous les feux de la rampe,
Seul centre de l’attention
De toutes les attentions,
Un bobo, une simple crampe
Devenaient ou blessure ou bris,
Ticket pour son ultime abri.
Sans la moindre déférence,
Il vous mettait à la souffrance !
Dol, mea culpa, pleurs et peine 
Lui coûtaient peu et touchaient prou :
Qu’on le blâme, ou tout en courroux,
Le tance, et c’était pluie pleine :
Il voulait périr au plus tôt,
Refermant sur vous son étau.
Il usait fort bien de cette arme
Que sont les plus sincères larmes !

Il finit dans la solitude :
L’inquiétude et la douleur
Ayant rongé, tout à leur heur,
Les siens, sans promptitude.
Son mal-être sans écho fit
Son paraître sans effet. Fi !
Le faucon se remit à geindre :
Il n’avait âme pour le plaindre !

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