Petite fable affable
Sire Renard vivait retiré, en ermite.
Raseur parmi les siens, il devint un vrai mythe
Chez les autres bêtes dont la mémoire, hélas,
Est un palimpseste : on le disait l’égal de Pallas !
Messire Furet trouva chez lui un refuge,
Victime de son succès. Sans nul subterfuge.
Il était vraiment fat, jouait les cuistres barbants
Depuis qu’on avait honoré d’un beau ruban
Sa médiocrité. Ainsi, arborait-il une suffisance
Aigrie, somme de toutes ses insuffisances.
« Quitte donc ta décoration, jeune pédant !
Fit l’anachorète. En as-tu besoin dedans
Mon terrier où entre nous, seulement, nous sommes ?
- Quoi ?… Elle est ma dignité, me fait gentilhomme
Parmi les rustres, me dit Grand parmi les nains !
Tous ces nabots qui, las, m’ont pris depuis pour cible.
- C’est parce que, sans offense, tu es risible :
Force médailles, hélas, sont obtenues pour prix
Du Mal. Le Bien, pour qui on affecte mépris
Car ce n'serait que faiblesse, et le Bon, bien pire
Encore aux yeux des sots qui vivent sous l’empire
De la bêtise, se font mais ne se disent point
Ou ne se voient guère : l’orgueil en embonpoint
Révulse toute bonne conscience et toute âme.
Certes parfois ça fait mal mais c'est pas un drame :
Rester incompris ou inconnu ne diminue
Mérite ou talent que chez les génies ingénus ! »
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