Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 21 novembre 2024

HAÏKU AMOR

On dit souvent que l’amour rend stupide. 
Rien de plus normal : on effeuille mieux la marguerite quand on vole au ras des pâquerettes…

LE SOLITAIRE EN SOCIÉTÉ

Petite fable affable

L’âme encore dans la lune et le cœur pendu
Aux clou d’or étoilant une nuit distendue,
Son oreille guette le murmure des Muses
Qui faiblit dans l’aube aux ocres lueurs diffuses,
En allées à peine nées, venues pour sécher
Les larmes de rosées par l’aube dépêchées…

C’est un plumitif, un maladif à l’encre âcre,
Qui ancre ses peines et joies, loin des simulacres
De bonheur, et douleurs qui marquent notre temps
Qui ne sait plus ce qu’est le moment ou l’instant.
Le matin le trouve brisé à l’écritoire
Mettant un mot final sur des maux que l’Histoire
Oubliera parce qu’il ne veut fêter son génie
Lui-même en ce siècle égotique qui bannit
La réserve comme une vanité plus grande,
Plus immorale encor’ que lauriers en guirlande !

Alors quand sommeille son époque, il va rêvant
À ces quelques strophes qu’il peut voler au vent,
Aux vers qui chanteront les verts d’une nature
Qu’hélas les bonnes gens d’ici-bas dénaturent,
Prenant l’humilité pour fausse modestie
Et promotion d’une œuvre pour immodestie !

mardi 19 novembre 2024

HAÏKU Y ZINE

J’aime bien mettre les pieds dans le plat, surtout les pieds-de-mouton.

GAZA

Regards suppliants et doigts mendiants
Une enfant tousse 
Des ruines poussent
Sous quelque bombe aux feux irradiants
La ville est brousse
Regards suppliants et doigts mendiants

Quand vivre est un incessant souci
Désespérance
Il n’est pas d’ennui en nuits ici
Peurs et souffrances 
S’y meurt l’enfance
Survivre est un incessant souci

Ceux que les armes oublient la faim tue
Haine avide
Et tout le monde hélas s’habitue
Aux yeux si vides
Faces livides
De ceux qu’armes oublient que la faim tue

Voix acide sans regret ni remord
Heures furtives 
Heures fautives
Le temps file en silence de mort
En définitive
Génocide sans regret ni remord

lundi 18 novembre 2024

dimanche 17 novembre 2024

HAÏKU DU CALANDOS

Les soupe-au-lait font vite de tout un fromage !

AU TRIBUNAL DE LA HAIE

Petite fable affable

Une pie pérore en halliers et buisson
Qu’un chemin serpentant longtemps longe.
Par ses harangues, l’agasse plonge
Le peuple du brise-vent, restant sans son,
Dans l’attention la plus béate
Ce qui la pousse à discourir, sans hâte,
Encore et encore, et ci et ça,
Et puis patati et patata…

Ses belles adresses ne lassent guère
Que le troglodyte, un petit pépère
Ne goûtant ni laïus ni leçons,
Qui finit par le dire à sa façon :
« Que de riches sermons, de bons prêches,
Amie palabrant à la voix rêche :
T’aimeraient grognards comme chignards…
Si tu n’étais aussi… charognard.
J’aime ce que j’entends, charitable,
Mais rien ne vaut ce, qu’hélas, je vois :
Quand le faire est des plus discutables,
Les beaux dires mie ne me fourvoient ! »

vendredi 15 novembre 2024

HAÏKU DE RAYONNAGES

Il est des bibliothèques qui sont des paravents à l’inculture.

À LA RIGAUD

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau,  19 octobre 2024

La rivière noyait les feux du matin,
Las, sans les éteindre. Bien au contraire.
De cet écho céleste, je ne pouvais m’abstraire,
En ces reflets, je ne voyais que satin.

Et mon regard ne pouvait se distraire
Du jeu de l’eau et du ciel, argentin.
Las, sans les éteindre, bien au contraire,
La rivière noyait les feux du matin.

La beauté se passe de baratin :
Juste on l’admire sans rien en extraire,
Car, tant pis pour les âmes littéraires,
Même un poète y perdrait son latin.

La rivière noyait les feux du matin…



mercredi 13 novembre 2024

HAÏKU UNIQUE

La foule c’est le fanatisme féroce et la folie furieuse.

LES DEUX VOISINS

Petite fable affable d’après le Marquis de Calvière (1695-1777)

Non loin des riches garennes de Garonne,
Aride de faim et sec de soif un terrain
Donne peu et mal. Lors, un jour s’en étonne
Son tant pauvre métayer au teint d’airain
À son premier voisin que le labeur brise
De l’aurore au crépuscule offrant à voir
Un champs où le blond blé abonde, surprise
Auprès de la friche triste à émouvoir.

« Mon cousin, sans être exagérateur,
Je suis pareillement que toi ouvrageur,
Et le sol rien ne me donne en récompense :
Ça doit venir de lui, plus piètre, je pense,
De mon outillage… ou bien du mauvais temps. »

L’autre répond, l’œil aux cieux un bref instant :
« Comme mon père disait à ses locataires,
Collègue, “Tant vaut l’homme, tant vaut la terre” ! »

mardi 12 novembre 2024

lundi 11 novembre 2024

HAÏKU DE MER

Les voiliers ont fait naître des rêves que des cargos ont tué !

ROUGEURS VIRGINALES

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (08 mai 2023)

Je vis le temps à l’endroit dans l’aube écarlate
Aux instants cuivrés, aux moments ardents,…
Je marche dans l’éclat amarante de stries violates
Où filent des traits mordants et sanglants,
Où se traînent des fièvres flamboyantes et célestes
Qui prennent tous les cieux vineux des lieux agrestes…

J’admire les carmins, le corail cramoisi
Qui brûlent de garance purpurine,
Le feu et les flammes de ce levant rosi,
Où je baigne mon âme aigue-marine.
Je vogue entre vineux, vermeil et vermillon,
Le temps pourpré où le jour est rougeoyants sillons.

Le soleil y sème grenats et rubis qui germent
En un matin aux reflets lie-de-vin, 
Y fleurissent des heures incarnat, épiderme
Frissonnant d’un jour sur lequel le divin
Se fait palette où même le néant se dore…
Ce rubicond est vite, hélas, franchi par l’aurore.



dimanche 10 novembre 2024

HAÏKU ENRAGÉ

Se soustraire à sa langue, s’abstraire à sa culture n’est pas une erreur, c’est une faute. Mais ne pas les enrichir de celles d’autrui est un crime.

samedi 9 novembre 2024

HAÏKU DE TOMME

Il en est qui d’un rien te font un fromage, mais ce n’est là qu’eau de faisselle !

AUX PORTES DU PARADIS

Petite fable affable

« Maîtres, régents, préfets, qui ne pardonnez rien,
Ne punissez jamais sans y regarder bien ! »

Ainsi parle le Dieu du Ciel à ceux qu’il nomme,
Hors des célestes cieux, pour diriger les Hommes.
Son truchement ailé, Gabriel le zélé
Le reprend : « Majesté, je ne peux vous celer
Qu’il va y avoir, en bas, bien du grabuge
Car vous voulez aussi, et point je ne vous juge,
Que Fortune souvent traite avec cruauté
Travail et Probité quand la licence

Oisive et le calcul, au milieu des délices,

Nagent dans l’abondance et la prospérité.

- Gagner le Ciel doit se mériter, Mon Archange,
Et choir en Enfer ne doit pas être un challenge.
N’oublies mie que patience et, mieux, longueur de temps
 Feront à jamais plus que rage ni que force.

- Oublierais-tu, divin maître, que tout autant
Brève sera leur vie face à la Mort retorse. »

vendredi 8 novembre 2024

jeudi 7 novembre 2024

HAÏKU GÉNÉRATIONNEL

Il n’est pas rare que le premier imbécile venu soit né de la dernière pluie !

VIES PARALLÈLES

Sur une photo de. Marc-Yvan Custeau,  17 octobre 2024

On vit tous hélas des vies parallèles
À vouloir voler de nos propres ailes
Se grisant de vitesses démentielles
Comme de destinations irréelles

À ne vouloir que des joies matérielles
On vit tous hélas des vies parallèles
Où les soucis les ennuis sont kyrielles
Pour des destinées devenues vénielles

Au long de nos heures artificielles
Dans un temps aux courses concurrentielles
On vit tous hélas des vies parallèles
Allant à l’essentiel et donc partielles

Au sein de nos sociétés actuelles
Cruelles habituant dès la mamelle
Aux peurs aux angoisses perpétuelles
On vit tous hélas des vies parallèles



mardi 5 novembre 2024

HAÏKU D’INFOX !

Paradoxalement, « Comme j’aime !™» me gonfle !

LE RAT SAVANT & LA SOURIS SACHANT

Petite fable affable

Un rat croyait s’être acheté une sainteté 
En robant une auréole au mont de piété.
Mais se vantant bien plus qu’il n’était loué, ce compère
Trouve qu’on ne l’admire pas autant qu’il l’espère.

Il vole alors un livre, en dévore plus les mots
Que les pages, chose rare chez ces grimauds.
Et le voilà à parader en citant quelques poètes
Oubliés… Il fait sensation chez les bonnes bêtes
Qui, aussitôt, le promeuvent au rang de Grand Savant.
Respecté et écouté, il jubile en son fors et, souvent,
Décrète le bon, le bien et le beau chez les unes
Ou le ridicule chez d’autres gobeurs de lune.

La souris qui, jadis, avait appris à comprendre,
À ses grands airs et bons mots ne se laisse pas prendre :
Elle lui pose, sur ses dires, une question
Qui laisse Rat coi. Béate d’admiration
La foule de ses affidés entend la voix frêle
De la grisette clore débat avec la brêle
D’une sentence qui, à maints fou rires, condamnait
Le cuistre qu'a discrédité la leçon donnée :

« On a toujours bien du talent quand les mots des autres 
Nous rendent plus fin et intelligent que les nôtres ! »

dimanche 3 novembre 2024

HAÏKU À NIVEAU

Faisons en sorte que ce qui ne court plus les rues ne se retrouve pas sur le trottoir !

COMME UN ARBRE…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 octobre 2024

Comme un arbre seul en plaine,
Je domine les blés mûrs
Qui plient aux venteuses haleines,
Plus solide qu’un vieux mur.
Ce matin, il n’est que brumes
Sur vos maigres horizons
De bosquets, de frondaisons,
Promis à devenir grumes.

Je toise les bêtes à laine
Qui errent d’un pied peu sûr
Par tous les pâtis obscurs ;
Ma vie n’a mie coupe pleine,
Comme un arbre seul en plaine.

Qu’écume le ciel qui fume
Ou déraisonnent les saisons 
Rien ne me donne amertume,
Que j’ai ou non feuillaison.

Si la grêle est certes alènes
Et l’orage, éclats impurs,
Je résiste aux tire-laines,
Avec mon cœur droit et dur,
Comme un arbre seul en plaine.



vendredi 1 novembre 2024

YES, HAÏKU’D !

Si savoir parler peut être un art, savoir écouter est assurément un talent.

UNE FEMME HONNÊTE

Petite fable affable

« Ma fille, maintenant, tu es devenue femme.
Il faut savoir, dès lors, préserver le peu d’âme
Qu’on te reconnaîtra en préservant les dons
Qui seuls te vaudront, au soir de ta vie, le Pardon.
Ils devront conduire le reste de ton âge
Dès avant, comme bien après, le mariage :
La première est « la Vertu », de ton intimité,
Ta vie privée sera gardienne assermentée ;
L’autre est « l’Honneur » guide strict de ta vie publique,
Épiant tes mots et gestes, hélas, tous symboliques.

Ces cicérones te feront la vie rangée
Qu’on attend de toi qu'on ne doit que louanger.
Elle feront ta « Réputation », ta richesse.
La seule. Car, las, pour d’aucuns ce que tu fais
N’est que frêle moitié de ce, qu’au fond, tu es.
Il n’y a de fumée sans feu, sois-tu duchesse !

- Donc je vais, sans cesse, être jaugée ou jugée,
Parce que mon sexe souffre de préjugés !…
Je crois surtout que ces trois grâces sont des garces
Dans ce monde qui n’est qu’une fort triste farce
Car qui me l’impose et me juge, patatras,
Sera qui fera tout pour m’en défaire, hélas ! »

jeudi 31 octobre 2024

SIMPLE HAÏKU

Le beau fait du bien.

RÉVEILLE MATIN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (31 mai 2023)

J’ai poussé les portes du matin,
Ouvrant le jour à la gabelle
De tons pastels de cieux sans tain,
Au reflux des astres éteints.

Là, un arbre la baye belle,
Nu et seul, frêle escabelle
D’une aube née dans un lointain
Où ne point encor’ de corbelle.

Bois droit, certes, mais pas hautain,
Il est prêt à affronter l’aile
Qui frôlera l’éther qu’atteint
Rose feutré ou gris étain.

À ses pieds, soumise et fidèle,
De l’eau sinue par les ombelles
Qui balaient les portes d’un matin
Augurant bons mots et libelles…



mardi 29 octobre 2024

HAÏKU D’INSTANTS

Il est grand temps de goûter aux petits moments !

SCARABÉES AU RABAIS

Petite fable affable 

Un gros bousier, venu d'ailleurs, serviable en diable,
Était toujours prêt pour donner un coup de main
À l’un ou l’autre de ses congénères, aimable
Sans attendre un merci, une aide, quelque grain
Ou l’auréole en retour. L’aura de cette âme
Vaillante dépassa les bornes du labour 
Où elle vivotait avec maints enfants et femme,
Mais n'obtenait jamais d'aide venue du bourg
on joue volontiers les braves et bons apôtres
Quand c’est pour les siens mais, mie, Mon Dieu, pour un « Autre » !

lundi 28 octobre 2024

dimanche 27 octobre 2024

HAÏKU DE JEUNE

Bien de nos jeunes gens préfèrent pousser la provocation que forcer leur talent… c’est moins dur !

MATIN EN COULEUR…

Sur une photo de Marc-Yvan, 9 octobre 2024

Le ciel est rose sur la brume bleue,
La grange, ombre apparue, semblant déserte
Nait du pinceau d’une aurore diserte
Jouant de sa palette par l’alleu.

Soudain tout me paraît miraculeux
Sur la plaine endormie, encore inerte :
Le ciel est rose sur la brume bleue ;
La grange, ombre apparue, semblant déserte.

Le matin est ouaté, presque moelleux,
Une chimère à demie découverte,
À la magie de ce levant offerte,
Au lendemain mouillé de jours chialeux.

Le ciel est rose sur la brume bleue…