Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 27 novembre 2025

HAÏKU AU CHŒUR

Quand le vice paie, la vertu coûte !

MA RIVIÈRE AU RÉVEIL

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 03 novembre 2025

Emportée enfin, la nuit partie sans retour,
Laisse le ciel, sur des flots au flambant sillage,
Dans un instant ardent valant tous les toujours,
 Aborder nos rivages.

L’empyrée déchiré se cherche un nouveau port
Dans la rivière qui rougit des avances
 Éblouissantes d’un matin tout en transports,
En éclats de jouvence,…

Ce miroir troublé d’un éphémère troublant,
Dont l’onde se ride là où l’aube se mire,
Avive la lumière du jour né, tremblant
Où les nues s’admirent.

Aussi éclatante que brève, l’aurore est d’or
Et puis de flammes ; l’air comme l’eau elle embrase
Faisant des rêves et sommeils profonds, chers trésors,
À la parfin, table rase.

Tout s’allume,  jusqu’au lointain
Qui resplendit dans l’éther léger comme plume,
Puis s’estompe le point d’incandescence atteint,
Ce jusqu’à fleur d’écume.

Le temps suspend son vol pour un fort bref moment,
Lui qui court son cours et, sans fin, son fil dévide,
Fuyant on ne sait quoi, on ne sait qui, dément
Comme une tête vide.

La beauté se dissipe comme fait parfois l’ennui,
Lentement s’adoucit. S’éteint. Enfin s’efface.
Tel un parfums qui embaume pourtant s’enfuit,
Laissant traces tenaces.


De ces points du jours ne restent que souvenirs
Fugitifs de beautés fugaces qui soupirent
Et auxquelles les mots peuvent quelque avenir
Offrir quand elles expirent !



mercredi 26 novembre 2025

mardi 25 novembre 2025

HAÏKU DE COUPS

« Coûte que coûte » ?…  Ça vaut ce que ça vaut !

RIDICULE

Petite fable affable

Dans le tréfonds du parc du château de Versailles,
Une Luciole, tous les soirs, vaille que vaille,

Éclairait le monde des bêtes de bon lieu
Au point de passer pour un demi-dieu
Aux yeux des plus laborieux, fourmis ou abeilles,
Car sa lueur, au labeur, aidait à merveille.

Enivrée qu’on l’idolâtre, la mouche à feu
Décide que tous ces animaux de bien peu
Ne la méritent plus tant elle brille,
Il lui faut devenir la banderille
De lumière du plus étincelant des rois.
Elle fuit le jardin pou la Cour. Et tout droit.

Par chance, on festoie là-bas plus qu’on ne sommeille.
Elle a beau scintiller, brasiller sous les treilles,
Elle indiffère avant d’agacer,
Puis d’être ridiculisée assez.
Et c’est le Roi-Soleil qui clôt son vain manège
D’un coup de mouchoir qui était blanc comme neige.

Il vaut mieux être Grand chez les Petits,
Toujours, qu’insignifiant chez les nantis…

dimanche 23 novembre 2025

HAÏKU D’EMPRUNT

Le principal n’est pas sans intérêt.

VOTRE OBLIGÉ QUI NE S’Y SENT PAS OBLIGÉ

Ceci n’est point, non, une préface ordinaire
Et encore moins, las, un propos liminaire
C’est juste un merci à la lectrice, au lecteur,
Qui n’a pas en horreur les versificateurs.

Cet incipit est ma marque de gratitude
Car je vous suis bien gré de fuir les platitudes
Qu’on offre pour ravir l’âme et combler l’esprit
De qui sait de l’écrit le drame et tout le prix.

Je chante les plaisirs et les mœurs d'un autre âge
Sacrifiés au « progrès » qui règne sans partage,
À une « modernité », je crois, sans foi ni loi.

C’est donc ouvrage de fort mauvais aloi
Que j’aimerais, quand on l’a lu, à le relire
On se plaise pour faire encor’ vibrer ma lyre.

vendredi 21 novembre 2025

HAÏKU D’OXYMORE

L’ingrat finit toujours par faire maigre.

SI ON NE VEUT PAS Y LAISSER DES PLUMES

Petite fable affable

« Quelle plume ! » faisait-on à un auteur
À la mode après un opus fort flatteur
Et qu’il disait écrit « au fil de la plume »
Avec une modestie digne d’un gros volume.

Mais la rémige, en son encrier, le sut
Et s’en rengorgeât prou quand elle aperçut
La page encor’ blanche dessus l’écritoire.
« Tu m’en contes plus que ton poids !… C’est notoire
Tu es légère mais tu sembles avoir plus trempé
Dans le fiel que dans l’encre, et plus qu’en lampées.
Intervint le chandelier bougon qui volait 
Dans les plumes de ces voisins feux-follets.
On se calame, bon bec !… Tu n’es que barbes
Et tu te crois étendard, fleur de joubarbe !
Amie, ce qui t’a sorti de ton néant 
Est un rimeur à la main habile
Sinon tu serais ornement de séant
Ou bien penne perdue, bref chose inutile.
Si, parfois, il accuse l’outil de faillir
C’est bien l’ouvrier qui fait l’œuvre jaillir ! »

jeudi 20 novembre 2025

mercredi 19 novembre 2025

HAÏKU AUX TRIPES

Qu’importe si l’Amour est aveugle s’il reste sourd et muet à son sujet.

UN BIEN BEAU JOUR…

C’est un bien beau jour pour flâner en ville
Et y promener un indélébile
Sourire alors qu’y règne le gris
De vos habits de vieux mistigris,
Le triste de vos regards hostiles
Jetés sur vos vies biens rabougries
À l’ombre de vos pas infertiles.

C’est un bien beau jour pour défier,
Les portes de nos cœurs gros décloses,
Nos destins de futurs gougnafiers
Coursant des heures toujours moroses
À la quête de quelque « autre chose »,
À la recherche des sources taries
Du bonheur dans des charivaris,
Des plaisirs que désirs overdosent.

C’est un bien beau jour pour s’enivrer,
Libres d’façon peu coutumière, 
L’esprit et l’âme enfin délivrés,
De vaguer dans des rais de lumière,
Refusant nos routes coutumières,
Loin des paradis artificiels,
De l’artificieux des sombres ciels.

Oui, c’est un bien beau jour pour, chance !,
À son pas et, tout en nonchalance,
Arriver gentiment jusqu’au soir,
Cet éteignoir de tous vos espoirs,
Avec des petits airs qui entêtent
Des rêves éveillés, des bons vouloir
Et un soleil d’été plein la tête…

lundi 17 novembre 2025

POUR L'HAÏKU C'EST LONG !

L’immortalité, à la fin, ça s’éternise un peu, non ?!

N'EST-CE QUE ROME ANTIQUE ?

Petite fable affable

« Les valeurs qui ont la république allumé,

Dans l’Empire, hélas, se dissipent en fumée.
Déjà, partout, le dieu qui a créé les hommes
Contraint tous les hommes qui ont créé des dieux ;
La vertu appelle le soupçon dans tout Rome
Quand, pire, le vice est récompensé. Odieux
Est ce temps aux sages, aux penseurs : nos temps antiques
Sont donc en toc, aux mains de tiques sans éthique. »
C’était ce qu’avait gratté un grave stylet
Sur une tablette auprès d’une lampe à huile.


L’auteur, au style ancien mais en rien ampoulé,
Terminait son pamphlet par ces mots fort habiles :
« Pour moi, Jupiter m’est témoin, un vent mauvais
S’est levé : mon esprit semble prendre la fuite
Et c’est donc à quelque autre d’écrire la suite
Des hauts faits et méfaits en ce monde arrivés. »

« La torche du bon sens éclaire bien ces phrases,
Et le flambeau de la vérité les embrase ! »
Dit la lampe fière que la lumière vint
De ses efforts pour qu’écrivain touche au divin.

« Oh le plaisant falot ! répliqua la tablette
Ce n’est qu'à moi qu’échoit l’honneur de conserver
Ces mots… Ta part ira croupir aux oubliettes.

- Mais c’est moi qui les ai, pour la postérité,
Gravés ! » fit le stylet, gonflé de fatuité.

On sut la teneur de ces propos peu amènes
Et puis on jeta leur père en geôle inhumaine.
Aucun des complices qui l’assistèrent, là,
Ne s’en vantèrent et, de cela, furent soulas.

C’est fou combien, en ce monde, on a de compères
Inopinés quand vont poindre quelques lauriers 
Et combien il nous en fault, bien qu’on les espère,
Si notre beau destin, hélas, est contrarié…

samedi 15 novembre 2025

HAÏKU PERPLEXE

Comment prendre la vie du bon côté alors qu’elle ne se présente à nous que d’une seule façon ?!

PREMIER BAISER

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 12 novembre 2025

Carpo n’avait pas fini de vêtir les nues
Ni de déshabiller la futaie roussissante
Qu’un froid de marbre s’invite, l’air ingénu,
Pour nous offrir, d’un coup, son étreinte glaçante.

Les hommes et la nature sont déjà en deuil
Dans le silencieux et floconneux manège.
Les frimas précoces ne sont pourtant qu’au seuil 
Des jours gelés mis dans un suaire de neige.

Entre les ténèbres ombrées des bois de sapins 
Et l’obscurité des vallons, les heures sombres
Semblent arrêtées quand les vents hurlent un chant lupin.

Ce tombeau maussade, éclatant dans la pénombre,
Sera fleuri de lumières, au Noël proche
Qui embaumera de joies ce blanc sans reproche.



jeudi 13 novembre 2025

HAÏKU NE RIT ?

Nos dirigeants confondent trop souvent mutisme et silence.

SOYONS CONSÉQUENTS

Petite fable affable

Toute la Gaule, hélas, est battue par Rome
Qui y impose ses langue, droit et lois.
Elle y dépêche aussi, en masse, ses hommes
Y instaure sa monnaie de bon aloi,
Y installe ses dieux et enfin son mode
De vie, moins « sévère », surtout plus « commode ».

C’est ainsi, ma foi, qu’agissent les vainqueurs
En terre conquise et ainsi les Gauloises
Et les Gaulois plient tous, mais pas de bon cœur :
Ils se font donc Gallo-Romains depuis l’Oise
Jusqu’à notre Aquitaine… et même au-delà.
Et nul n’échappa aux toges, aux falbalas,…

Installé en notre pays de cocagne,
Depuis belle lurette, un celte étranger,
Vivant là avec ses enfants et compagne,
Qui avait toujours tout fait là selon seul gré
Et à son goût sans que jamais ça dérange,
Lui aussi aux règles romaines se range.

On s’en étonne ou bien on est circonspect
Mais lui, il répond lors sans faire l’anguille :
« Qui, avec les barbares veut vivre en paix,
Et ne pas risquer la peau de sa famille

Devra, las, bafouiller avec qui bégaie

Et clocher avec les boiteux, aux aguets. »

mardi 11 novembre 2025

HAÏKU DES COPINES

Qui est pauvre en vécu est trop souvent riche en conseils.

LE VILLAGE

Dans le petit matin nu, tremblant,
Parmi les ombres crépusculaires,
Les coteaux froids jaunissent à blanc 
Aux feux fanés d’une aube célère
Qui ignore les coins que la nuit
Baigne encore de suie et d’ennui,…

Par les frimas venus l'effeuiller,
Décontenancé, un gros bras d’arbre
Balaie un ciel lointain, endeuillé
Où, vers l’horizon resté de marbre,
Fuit la fumée bistre des toits
Que couvre un hiver blanc, matois.

De bise fouettés, cailloux gris
Des chemins à l’abandon s’effacent,
S’oublient taillis au bois rabougris.
Las, tout ici engloutit nos traces
Et nos vies, à la morte saison
Qui enterre jusqu’à nos maisons…

dimanche 9 novembre 2025

HAÏKU AU CASQUE

Réfléchir ?… Je vais songer à y penser.

MISONS SUR LE BON CHEVAL

Petit fable affable

Dans quelque cité de Grèce d'Orient
Vivait un vieillard qu'on disait fort brillant,
Homme entre les hommes, tout d'intuitions
Mais resté dans son humble condition.
Cet Ancien-là était antiquité
Menaçant ruine mais sa sagacité,
Car il n’était pas un mauvais cheval
Était recherchée, amont comme aval.
Ce sage possédait pour tout savoir
Une vie passée à entendre et voir.

« Mais cette rossinante est un tocard !
Étalons se fient-ils à un briscard
Qui ne fut las qu’un vil cheval de trait
Pour qui le trivium était sans attrait ;
C'est même pas un cheval de retour :
Un vieux bourrin ! » C’est ainsi, sans détour,
Qu’un rhéteur novice, pauvre en vécu 
Mais prou riche en conseils, avait vaincu
L’aura du Vieux auprès des plébéiens
À qui le doyen ne voulait que du bien.

Ce jeune tribun était à cheval 
Sur ses bons principes et si son rival, 
Certes, avait du bon sens, lui il savait 
Les grands auteurs et, chez eux, se servait
Les citant d’abondance ; l’orateur
Était chez ses pairs un maitre étalon.
Ses connaissances en disaient bien plus long
Que ses discours soufflaient ses zélateurs.
Or, un jour une haquenée de bon lieu 
Eut une fièvre de cheval, Grands Dieux.

L’Ancêtre, consulté, préconisa
Un remède idoine mais sans le visa
Du savant que faire ?… Notre cerveau,
Intervint, monta sur ses grands chevaux.
Paraphrasant Caton et Cicéron,
Invoquant Ovide et même Néron,
Il prouva - son dada ! - par « a » plus « b »
Que le mieux à faire, sans regimber,
Était… de ne rien faire. Et la jument
Trouva la mort râlant et écumant…

Fuyons, au loin et en choeur, cette engeance
Qui confond « culture » et « intelligence » !

vendredi 7 novembre 2025

HAÏKU L’ÉTAL

Vis ta vie comme si c’était un miracle non une malédiction.

IL EST DES MOTS…

Dans un monde qui tant change de peau
Faisant brouets spartiates de propos
Il est des mots que l’on voudrait entendre,
Doux mots ou mots d’amour de l’âge tendre,
Au-delà du bon temps, sans trop attendre,
Pour le ressort de nos heures distendre…

Dans un temps qui n’est qu’instants et moments,
Offrant gruaux frugaux de sentiments,
Il est des mots convenus, bienvenus,
Quand on a le cœur cabossé, à nu,
Que les vents mauvais chassent au creux des nues
Nos chansons, et nos plaisirs tant menus…

Pour tous les Hommes astreints à ce ragoût
De langues de bon bois jusqu’au dégoût,
Sont des mots d’espoir jetés en sébile,
Des éclats de soleil indélébiles
Ouvrant des horizons lors volubiles…

Dans une société où est bouillie
Une langue en bafouillis, cafouillis,…
Il est des mots qu’hélas on ne dit plus
Qu’il faut taire et, pire que l’on exclue,
Condamnant l’oreille et l’âme au reflux…

mercredi 5 novembre 2025

HAÏKU POUR COUP

Je ne prête mon oreille qu’à qui me donne la parole.

LA ROME DES HOMMES

 Petite fable affable

Le camp a froid. Le camp a faim.
Même si la nuit vient, enfin,
Elle ne sera pas repos ni somme
Pour la légion de la lointaine Rome.

Elle campent là pour la grandeur
Et la gloire de vains glandeurs,
Vivant dans le luxe et dans la luxure
Sans blessure, eux, mais tout en bouffissure,
Dans des palais défiant les ans
Et que l’on enviera longtemps.
Parmi des oisifs tout à leur service
Ils donnent libre cours à tous leurs vices
Loin des boues des pays atteints,
Des champs de batailles incertains
Car ce ne sont las que des hommes
Ceux qui composent les légions de Rome.

Il est aux civilisations de grands traits,
- Que ce soient mode de vie, belles pierres,… -
Qui, à les voir de près, ressemblent au lierre

Car ils ruinent ce qu’ils semblent parer.