Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 1 avril 2025

HAÏKU TOTAL

L’amour sans retour est un aller simple vers l’enfer.

COMME LORS D’UNE ÉCLIPSE…

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 25 février 2025

À travers une jalousie d’ombres noires
Et la résille de givre nacrée
Que la nuit, au miroir des patinoires,
A sculptée à vif et puis ancrée
Aux nues qui grisent, reflets et merveilles,
La lumière d’un éveil en veille.

Ce matin, l’aube, hélas s’est prise aux lacs
Du verglas ou bien aux rets d'heures ternes
D’un jour chiche, en berne, sur la track.
Comme une lueur de sourde lanterne
Qui ne met en relief que chatoiements,
Brillances et clarté en poudroiement.

Oui le ciel est lourd, mais il  réverbère
La pâle splendeur des blancs-bleus d’hiver,
Le scintillement triste dont le libère
Si mal l’air, là, qui s’est entrouvert
Sur l’aura de rayons perdus aux limbes
Devenus ainsi halos, orbes et nimbes.



lundi 31 mars 2025

HAÏKU AUX CHEVILLES

Je préfère aller une patte sur le recul que les pieds devants.

ÇA FANGE TOUT !

Ostie, ça y est : c’est « la bouette » !
Frimas et froid mie ne fouettent,
Se calment les girouettes
Et s’en reviennent alouettes 
Pour chamailler les marouettes.
On reprend houe et serfouette ;
La vie sort de sous sa couette.

Crisse, ça y est : c’est « la bouette »
Qui embrène les barouettes
Et qui nous crotte jusqu’aux couettes
En remplumant, jà, les chouettes ;
Ici, s’creusent des jouettes ;
Là parulines pirouettent…

Ostie, ça y est : c’est « la bouette » !
De l’été vient la silhouette
Et, avec quelques biscouettes,
Les apéro-cacahouètes
Nous crient, crues, à cran, les mouettes.
Là, foin d’ennui, Tabarouette !,
Et d’solitude en calfouette !

samedi 29 mars 2025

HAÏKU SÛR

La réalité est le côté sordide de la vérité.

RESTONS PRUDENTS !

Petite fable affable

À une vieille souris, sa fille a dit :
«  J’aime bien le chat mais déteste la poule !


- Le Chat, malheureuse ?! Mais tu es maboule !
Répond sa mère. C’est un fourbe, un bandit,
Un larron sans vergogne… Notre famille

N’en a que bien trop souffert de celui-là.
Courtises plutôt la cocotte, ma fille !
Elle ne nous fit point de mal. Loin de là ! »

Ce qui fut fait. Hélas. Car la souricette
Périt, d’un seul coup de bec. Malencontreux.

Le mal est partout. Il fait bonne recette
Chez les doucereux, de fait plus dangereux.

jeudi 27 mars 2025

HAÏKU SÛR

Faire ses preuves consiste à surmonter les épreuves.

LA BONNE FORMULE

Allumez, un beau matin, la peur
Pour qu’elle chauffe comme terreur,
Un bûcher mêlant sottises, ignorance,…
Jusqu’à faire bouillir, mettre transe.

Attendez, mais sans baisser le feu,
Que la chose distille un grand peu.
Vous aurez un concentré de haines ;
De celles qui, vite, se déchaînent.

C’est recette qui, avec diligence,
Met le monde à bout - Là-bas. Ici. -
Éradiquant toute intelligence,
Fraternité ou démocratie…

mardi 25 mars 2025

HAÏKU DE FATIGUE

Je suis de ceux que le travail vite ennuie et que le repos lasse tout aussi rapidement.

DOUÉ, LE ROUÉ !

Petite fable affable

Un pie borgne avait commerce
Avec un vieux chat et le berce
De promesses s’il accepte enfin,
Pour éradiquer cette verte faim
Qui les tenaille, d’avec elle
S’associer : « Ta ruse et mes ailes
Seront alliées et feront
Ravages dans les environs.
À rester seuls on ne carnage
Plus assez en prenant de l’âge !

- Je te le cède, l’oiseau : mains
Qui aident sont, sans examen,
Plus sacrées, pour moi, que lèvres 
Qui prient, soient-elles tout en fièvre.
Mais je sais aussi, par la vie,
Que les caresses des chiens
Donnent des puces et que l’envie
Fait accaparer bien des biens :
Il vaut mieux rester solitaire
Trop de Mal hante ciel et terre ! »

dimanche 23 mars 2025

HAÏKU FORT LESTE

Peut-on faire main basse sur quelque chose au pied levé ?!

ÈRE VOLCANIQUE

Thème du printemps des poètes 2025 : les volcans

La terre tremble, fume et fort se calamine.
Vue d’enfer : le monde danse sur un volcan !
Sous des ciels de cendres, les sols sont craquants,
Grondent dessus le magma qui bout et fulmine.

Incandescent, il nous souffle ses gaz soufrés.
Des nuées ardentes étendent loin leurs ramures
Alors que des oiseaux de bien mauvais augure,
A sombre plumage, au sinistre ramage, effraient.

La planète est un Pompéi en devenir,
Moribonde, toute en scories sans avenir :
Volatil y est le temps. La vie sans panache.

 La lave coule en nos veines et tout espoir gâche.
Par Vulcain, le monde danse sur un volcan !
L’éruption viendra… mais personne ne sait quand.

vendredi 21 mars 2025

HAÏKU PAR DÉFAUT

Notre siècle est si pauvre d'esprit que la médiocrité devient un signe extérieur de richesse intérieure.

LA COCOTTE COURROUCÉE

Petite fable affable avec l’aimable complicité de Catherine Destrepan

J’avoue : plus ça vient, moins ça va
Au vieux pays du dieu Shiva.

Fort lassée que ses oeufs lui soient ravis, Poupoule
Décida sans quérir, ma foi, l’avis des foules
De les manger : « Ben quoi ?!… Ils sont à moi ces fruits
Que, là, seule, j’ai fait, non sans efforts ni bruit.
Et pourtant, moi, je ne dispose
Ni ne profite  de ces choses ! »

La colère n’est pas de bon conseil, hélas !
Et le lendemain, sans plus de galimatias,
À peine l’œuf au nid, elle le gobe

Avant que la femme en noir ne le lui dérobe.
Elle recommença ce jeu, tous les matins,
Avalant, à peine pondu, son bon butin.



Sa maîtresse, un beau jour, s’irrite :

« Tu me refuses le mérite
De payer d’un bel œuf l’orge qui te nourrit ?…
Tu accompagneras, demain, mon plat de riz ! »

Mais Poupoule ignore la peur et les menaces
Sachant par trop que la fermière, fort tenace,
Appelle roupies tout labeur
Comme don chaque obole ou fleur !

jeudi 20 mars 2025

HAÏKU HORAIRE

Mon ordinateur veut sans cesse que je me mette à jour alors qu’il est le mieux placé pour savoir que j’en use surtout la nuit !

mercredi 19 mars 2025

HAÏKU’DE DE CHEMINS

Pourquoi battre des sentiers qui ne vous ont rien fait ?

LES MOINEAUX

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 février 2025

Comme autant de notes de musique, perchés
Sur une partition que la neige fait arceaux
Quelques compagnons de l’hiver viennent chercher,
Faute de grain ou de ver, d’oubliés morceaux,
Claque-faims et pleure-pains depuis le berceau.

Les hirondelles courent, elles, au loin, aux tropiques
Où le temps, matin s’est s’arrêté en été
Et où le vent n’a plus rien à faire d’épique
Que, là, sans ennui et sans fin, les balloter
Dans un air nonchalant prompt à la vie dorloter.

Restent ces éternels mendiants, eux, aux livrées
Ternes, au vol parfois mal assuré, qui habitent,
Trimardeurs sans ardeur, dans nos airs, enivrés
Par le blanc désert où, quémandeurs aux subites
Apparitions, ces tristes meurt-de-faims subsistent.

Fils de la cloche, ces gueux miséreux sont fort
Fidèles à nos fenêtres où ils aiment tant à paraître
Pour rappeler que la vie existe dehors,
Que, mendiants toujours en quête, on peut quand même « être »
Bien que la chaleur, à nos décors, s’est faite traître.



lundi 17 mars 2025

HAÏKU D’AILES

C’est fou comme ceux qui nous pompent l’air ont tendance à nous vendre du vent !

DEUIL POUR DEUIL…

Petite fable affable d’après L’aigle & le Renard de Ch. Perrault (1628-1703)

Voici un conte gravé, jadis, dans le marbre :

Une pie fraternisa avec un blaireau
Qui avait fait son trou au pied du vieil arbre
 Où était son nid, au faîte le plus haut.
La pie eut faim, une année de canicule.
Elle se régala des petits du voisin.

 Lui, volant le feu aux mangeurs de fécule,
Brûla l'arbre, à la fois juge et argousin.
Alors les oisillons, tout rôtis, churent
Dans sa gueule. Il en creva d’indigestion
Tandis que la pie, bien qu’elle eût la dents dure
Comme un roc, de chagrin périt à la Saint Yon.

À prôner le Tallion, on ne gagne guère
Que peines redoublées, éternelles guerres.

samedi 15 mars 2025

HAÏKU BIEN PENDU

Certains, vaincus, se retrouvent, dit-on, « la queue entre les jambes ».
Mais où pourraient-ils se la mettre ?!

À LA SAINT-MARTIN

L’été indien a pris un coup de froid.
Pas de crainte et encore moins d’effroi,
Sur la plaine, avant qu’il ne soit lurette
Dans leur robe que le soleil apprête
Les beaux jours nous reviendront
Bien que soit venu le temps de marrons,
Des noix, des potimarons et des pommes,
Prémices aux frissons des frimas en somme.

Oui, l’automne a gardé quelques chaleurs
Donnant, aux feuillées roussies, des couleurs.
Une lumière ambrée qui papillonne
Des parfums de sous-bois qui champignonnent
Nous disent qu’arrive le temps indolent
Où les heures, alenties, seront sans allant,
Que dans un dernier tournis d’hirondelles
Il faudra rallumer cheminée, chandelles,…

Puis les vents froidis déshabilleront,
Dans l’air fraîchi aux piques d’éperon,
Des feuillus s’effeuillant dessus des treilles
De lierre au vert insolent. Sans pareille,
À la croisée d’une trouée ocrée,
Sous l’arceau de la ramée mordorée,
Une biche fait chuchoter les feuilles mortes
Que nos pas font murmurer en escorte.

Les taillis débuissonnés, éclairés,
Ne gardent plus ce chemin égaré
Que je prends, aux heures encore sombres,
Mariant ombres nées et feue la pénombre,
Pour voir éclore encor’ la fleur rosie 
De l’aube sur vos sommeils d’ambroisie,
Juste quand elle offre, aux nues qui s’éveillent,
Un jour qui fait s’envoler les corneilles.













Illustration : Elisa Satgé (novembre 2023)

vendredi 14 mars 2025

jeudi 13 mars 2025

HAÏKU D’ÉCRITS

Il avait une écriture bien soignée malgré une grammaire souffrante et une orthographe malade !

À CAUSE D’UNE CAUSETTE

Petite fable affable

Un bourdon que rien, en ce monde, n’apoltronne,
Offrait lors son bombillement aux ipomées.
Sans vraie faim, ces fleurs nivéennes il biberonne,
Affectant contemption aux bêtes désarmées
Qui l’avoisinent, à ses yeux, coquefredouilles
Et dignes de rester, dans leur quête, bredouilles.

Un pinson qui aime autant triller qu’étriller,
Gobeur l’interpelle : « Te faut-il grenouiller
En lac de suffisance pour croire briller
En morguant ainsi ton monde, ocieux gibier ? »

Le marmiteux l’oit : « Eh, c’est à moi que tu jases ?
Vrombit l’insecte. Voudrais-tu donc me causer
Quelque avanie ou, pire, hourvari par tes phrases ?
Que les cieux te patafiolent, couperosé
Laisse-moi labourer tout mon saoul et dégoise
Sardanapale de ton espèce, emprosé !

- Ça, pour saouler avec tes bruits tu nous soules !
Ne pourrais-tu pas tintinnabuler, bouboule,
Ou voleter en silence au lieu de faire houle,
Vil être chétif, comme la pire des foules ?

- Veux-tu que je te pique pour mieux ravaler
Ta langue et tes persiflages… Gare à ma rage !

- Va zinzinuler plus loin ! Ouste, du balai !
Toi si petit et moi si grand, quel vain courage
Faudrait-il pour faire combat ? Mais c’est fort laid,
Je te le cède, voire impardonnable outrage,
Que bouder ce que Nature va nous offrant,
Et ce matin où le soleil, las, n’est point franc
Elle me fait présent de toi, bruyant safran ! »
L’oiseau le goba sans trop de honte souffrant…

Ne discutons pas avec les puissants, ma mère
Car quels que soient nos atouts et nos arguments
Ils nous rendront raison, par une mort amère,
Et que nous ayons tort ou raison. Mêmement.

mardi 11 mars 2025

HAÏKU À VUE

Voir loin n’est pas difficile à qui sait regarder vers le bas.

PREMIÈRE SAISON

Le printemps ravive, ce matin, ses couleurs,
Nos rêves et nos espoirs d’une douceur nouvelle,
De jours enfin plus beaux, de civets, de civelles,…

Fraîche à peine partie, remisées les douleurs
Dans le vol d’un bourdon ou le nez d’un bourgeon.
Le ciel fait refleurir un azur sans pâleur
Aux vrilles revenues pour verdir les donjons,…

Et ça bruisse de vie sous les souffles frôleurs
Des rus crus aux champs nus, sans veau ni velle,
En passant par les bois qui de vert se tavellent.

Partout l’air s’agite d'insectes persiffleurs,
De trilles de siffleurs vaquant en sauvageons
Goûtant à la tiédeur comme aux tendres surgeons,
Au vert couvert de joncs, au soleil des ajoncs,…

dimanche 9 mars 2025

HAÏKU DE LA VIE

Vive la montre qui, au lieu de vous donner l’heure, vous donnera  du temps !

VAUT-IL MIEUX ÊTRE SEUL QUE MAL ACCOMPAGNÉ ?

Petite fable affable
 
Tout va toujours mieux lorsque l’on s’accorde :
Dans un même vert pâtis,
Placés sous le sceau de la concorde,
Un âne et un bœuf, à moitié parti,
Ne craignaient le loup. Ni seul ni en horde.

Pour des chardons, cette entente pâtit 
Peu à peu et finit, donc, en discorde :
D’embrouilles en brouille, notre décati

Tout esseulé, vit, sur ses abattis
Fondre Lupin… Et sans miséricorde !

vendredi 7 mars 2025

HAÏKU DE RÉVEIL

Ce n’est pas parce que le jour se lève qu’il faut se coucher devant lui !

ELLE AVAIT…

Elle avait ses voiles au vent
Et, vrai, ce qu’on vit…
Valait d’ère vu ;
Or, c était lors, pas souvent.

Nos fervents moulins à vent
Ont été servis :
À perdre la vue !
Vieux vantards qui vont crevant,
Veufs redevenus vivants,
Les voilà d’avis,
Comme m’as-tu-vu
Rêveurs, qu’i’faut, qu’avant l’avent,
Qu'l’entrevu soit à l’évent !

Elle avait ses voiles au vent
Volant à l’envi.
Vive l’imprévu,
Fût-on devant ou suivant…

Elle avait ses voiles au vent
Et ceux qui ont vu
N’avaient qu’une envie,
Les vents ravis les servant :
C’est qu’on revit
Ce qu’ils avaient vu
Eux, un peu auparavant,
Sous les volants de l’auvent.

Elle avait ses voiles au vent…
Préférant mauvis,
Je fus d’la revue,
C’mouvant valant cent divans !