Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 21 octobre 2017

LES DEUX ABBÉS

Petite fable affable

Un abbé de Cour fort bien vu et loti 
Toisait qui n’avait ni bagues ni frisotis,
Et arborait toujours, par les rues de la ville,
Comme au château, devant la plèbe ou sa civile
Majesté qui, elle, le tenait pour servile.
Dieu l’avait gâté et il ne lui manquait 
Que les puces  pour se gratter, foi de laquais !
Il se croyait fort, il se pensait libre,… Imprudence
Pour qui doit d’entrer et de rester dans la danse
À la faveur d’un roi plus qu’à la Providence

Un abbé des champs réduit à la portion
Congrue dans sa maigre domiciliation
Était la cible de ses piques et finesses
Car ce curé gardait de sa folle jeunesse
Une liberté de pioncer chanoinesse…
Pire, il ne montrait point de ce beau zèle obtus
Qui marque un sacerdoce et montre, à tous, Vertu,
Ce gage d’être, matin, de pourpre revêtu.

Pendant que l’un prêchait à courre, de dîners
En soupers, tartuffe prompt à se dandiner,
L’autre secourait son prochain en sa paroisse,
Quel qu’il fût, quoi qu’il crût, calmant peurs et angoisses
Du pauvre pécheur que courtise tant la poisse.
Quand son pair perruqué à tous vents sermonnait,
Lui, sans arrière-pensée, nourrissait damnés
Et condamnés entre deux siestes ; les pauvresses 
Et pécheresses, il rassurait à bonne adresse
Avant un somme, sans paresse mais sans presse.

Quand l’évêque dut se choisir un nouveau saint
Pour le diocèse, l’abbé de Cour assassin, succinct
En un prône assassin, rappela sa royale
Protection et ses racines familiales,
Dénonçant chez ses pairs actions déloyales.
Le mitré l’écouta avec attention
Et même opina avec ostentation
Puis sanctifia le cureton de campagne :
Dénigrant qui officie sans chercher de gagne
On ne brille jamais loin ni longtemps, Aragne !

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