À Émile Verhaeren (1855-1916)
Le cabaret dehors en brasse :
Torches ignées sur tables en quinconce,
L’estaminet vit en terrasse.
Avec Léonce, avec Alphonse,
Ce soir, c’est sûr, on se défonce :
Ça rendra saoul, ça rendra dingue,
Et là, pas de coup de semonce.
La kermesse fait son bastringue !
Ce soir, c’est liesse et embrasses ;
Oui, de retenue plus une once.
Même si, pour toi, ça fait crasse,
Si le sourcil papal se fronce,
Quoi qu’en dise ou pense son nonce :
Ça rendra saoul, ça rendra dingue
Et c’est pas un effet d’annonce.
La kermesse fait son bastringue !
Tombe la veste ou la cuirasse,
Sinon retourne-t-en et pionce.
Ce soir, c’est pas action de grâces ;
On la fait grasse, on la fait « Fonce ! » :
Tous les tabous, on les enfonce !
Ça rendra saoul, ça rendra dingue
Qui les antiques adages énonce,
La kermesse fait son bastringue !
Ayons tous l’appétit vorace !
Ça rendra saoul. Ça rendra dingue.
Entre caf’conc et strass, vérace !,
La kermesse fait son bastringue !
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