Petit fable affable
d’après Le paon se plaignant à Junon, livre II, 17
Les nantis ne savent pas rester simples.
Prenant tout de haut ici-bas,
Un paon se plaignit à l’Olympe
Que sa pauvre vie n’était qu’un bât :
Bien qu’on l’admire fort, son ramage
N’est pas à l’aune de son plumage.
Ce culot fit du bruit, des débats
Jusque dans les moins célestes parages
Comme chez les êtres les plus bas.
Les Dieux, sans se lasser, lui expliquent
Combien partout, toujours, il avait
De la chance. L’impudent réplique
Que c’était respect qu’on lui devait
Car il avait bon port et fière allure,
Pas noble et, mieux, roue sans éraflure.
Ayant déjà tout, on se devait
De lui offrir voix sans félure.
Il plaida autant qu’il se pouvait.
L’animal tout à son arrogance
Entêtée est vite convaincu
D’ingratitude. Or la balance
De nos Douze a un fléau qui tance
L’irrespect, un travers mal vécu.
Aussi Héra, harassée, proclame
À l’oiseau pas encore vaincu :
« Dès qu’on lève la queue du paon, Dame,
On ne trouve qu’un trou du cul ! »
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