Cycle toulousain
Saint Cyprien, Victor Hugo, les boulevards
Ne sont qu’étals à nu, éventaires bavards,…
Dès le petit matin, trônent vaille que vaille,
Des collines de fruits - amandes, abricots,… -
Au pied de montagnes d’herbes, de haricots,…
Délices de palais, Éden de victuailles
Les ménines pressées comme les bons-papas,
Entre deux salades, trouveront à tout pas,
Pain blanc, lait frais, vin rouge et cochonnailles.
Aulx, oignons et cheveux tressés attireront
Les gourmands, les gourmets qui, pour deux ronds, auront
Des poissons des deux mers et toutes les volailles.
Saint Cyprien, Victor Hugo, les boulevards
Ne sont qu’étals à nu, éventaires bavards,…
Ici l’entrecôte et la bavette se taillent ;
Par là, près du persil, des fleurs mises en bouquet,
Des carottes liées, en bottes et paquets,
Par un vendeur s’offrant une petite graille.
Venelles voisines et, jà, rues qui s’obstruent
S’éveillent peu à peu, l’air gai ou bien bourru.
Odeurs, saveurs, couleurs attirent la marmaille
Qu’une rivière de dattes brunes, un pont
De bananes et des figues, en rocher blonds,
Enchantent bien plus que la prochaine ripaille.
Saint Cyprien, Victor Hugo, les boulevards
Ne sont qu’étals à nu, éventaires bavards,…
Les voix s’entrechoquent, s’empressent et s’éraillent
Autour des fèves, de pastèques et d’oranges
Ou de melons de saison que des mains dérangent.
Ici on ne vit, on ne pense que mangeaille :
Aubergines, poireaux et radis se marient
Aux patanes qu’on promet au vieux bain-Marie.
Courgettes, petits pois nous sèment la pagaille
Parmi les entrelacs savants de condiments
Et les arabesques d’épices, en sédiments,
Que les mosaïques d’aromates entaillent.
Saint Cyprien, Victor Hugo, les boulevards
Ne sont qu’étals à nu, éventaires bavards,…
On détaille le fruit, sur le prix on ferraille :
Le concombre ou la noix épouse l’épinard
Sur un lit d’artichauts et de raisins peinards.
Un chorus d’autobus éteint cette gouaille
Matinale qui te renaît pour un poivron,
Des tas de tomates dessinant des chevrons,
Un cageot de pêches que deux pècs se tiraillent.
Captivés, les sens sont, tout partout, capturés :
On soupèse, on goûte, on palpe sans saturer
C’est l’aventure en coin de rue sans la chamaille.
Saint Cyprien, Victor Hugo, les boulevards
Ne sont qu’étals à nu, éventaires bavards,…
Et même quand le ciel boudeur nous fait grisaille,
On se désaltère de mets et, mieux, de mots
Entre les poires, les fromages sans promo’
Ni plastique ; de ceux que le temps, seul, travaille.
Les halles, le marché, quartier après quartier,
S’éteignent, peu à peu, quand s’animent chantiers,
Cafés, bazars, magasins, vendeurs d’antiquailles,…
En ribambelle, près des poubelles, voici,
Guettant ce qu’on jette, les bataillons grossis
De ceux qui rouscaillent, tombés dans la mouscaille.
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