Les tuiles délavées des toits lavés sanglotent et les gouttières ont la goutte au nez quand le ciel, gros de gris jusqu’au grain, laisse échapper des larmes sans charme en guise d’alarme. Partout vitrines et vitres pleurent prises entre des murs qui se lamentent, déplorant l’été enfui qui les chaule de sa chaleur, implorant une éclaircie, ris des cieux qui larmoient de tout leur émoi, sur toi, sur moi… et nos cœurs grêles.
Les ruelles sous les nuelles, les rues inondées par l’ondée, s’épanchent sous la bruine qui sauce et trempe sans bruit, laissent couler, sur nos dos rondis sous l’averse qui verse, le chagrin des nuages sans âge. Sombre présage ?
Nos pas pleurnichent dans les flaques éclaboussées de néons, regrettant les espadrilles des joyeux drilles et des drôlettes et le temps qui s’écoule et périt sous l’intempérie. Elle se rit, creusant, pour l’heur, des sillons où se mêle le sel à l’eau sous nos yeux en pleurs.
Si les nues parfois s’apitoient sur les toits, sans avoir recours à la rage d’un orage, toutes à leur humeur maussade, elles se moquent de nos vies nues où délugent en pluie les soucis jamais enfuis et des bruits à peine adoucis, le jour, la nuit. Alors les trottoirs vernis par la pluie s’ennuient, quand crache sans relâche le crachin, malgré les champigons multicolores, mouillés à en rouiller, qui les couvrent et les courent…
Illustration : Camille Lesterle, Argelès-Gazost, 23 novembre 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire