Petite fable affable
Deux animalcules se disputant, sans cesse,
Dans le chaud du moment disaient mauvaisetés,
Une fois le vent de l’oubli passé, regrettées.
Rien n’en vaut de ces extrémités ou bassesses
Où conduisent la lèvre pulsante et le coeur
Trémulant une ire vaine, toute en rancœurs.
Le premier était grillon de son état.
Poupelet assez, ayant l’œil goguelu et l’âme
Aussi noire que sa livrée, cet excrétat
Était de ceux qui entreprennent, folles flammes,
À peu près tout mais n’achèvent presque rien,
Son faillir étant causé par quelque vaurien.
L’autre était une bondissante sauterelle
Abhorrant tout ce que l’on adorait alors.
C’est raison pour laquelle, prompte à la querelle,
Des plus exagitées, elle prenait milords
Ou ploucs très à rebrousse-cœur, n’ayant en bouche
Que grièvre offense poussant à prendre mouche !
Ces deux-là, détestés de tous et de chacun,
Peut-être plus chattemites, moins opiniâtres
En leur méchantise, sans nul complexe aucun
S’entendaient comme foireux larrons, prou folâtres,
Leur nauséeuse misanthropie fuyant l’ennui
En chattonnies ou vilenie jour comme nuit.
Leur pays étouffé de verts et tout fait d’ombres,
Accueillit un escargot chassé par la faim
De lieux circonvoisins comme un bon nombre
Des siens ; il portait sur ses épaules, sans fin,
Tout le malheur de la Terre en plus des misères
De ses pairs, avec l’air las qu’ont les pauvres hères.
Tout œil et toute ouïe, la sauterelle et le grillon
Eurent le bon goût de lui souhaiter de prime,
Avec leurs mots faits banderilles à barbillons,
« La bienvenue ». Alors on cria au crime,
Chez tous les autres insectes, pour une fois
Outrés de concert du fiel de ces sans foi.
La sauterelle le prit de haut et, d’un enthymème,
Répliqua à qui cherchait noise à grand bruit :
« Un être vain qui est si mauvais pour lui-même
Comment pourrait-il être bon pour autrui ? »
On les chassa au cri de : « Qui nuit aux autres
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