Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 19 juin 2025

HAÏKU DE SCALPEL

 Depuis mon opération, je m'épuise à ne rien faire. Et Dieu sait que c'est fatigant !

L’AMI

À Eric P. , d’après L'ennemie de Charles Baudelaire

Ma jeunesse ne fut qu’un fugace mirage
Sur des planches bancales et sous de faux soleils ;
La musique et les mots hantèrent mon bel âge,
Des jours sans vraie lumière et des nuit sans sommeil.

J’ai partagé ce temps, sa sciure et ses songes,
Avec qui ressentait, comme moi, du plateau
L'irrépressible appel, et ses joies sans mensonge
Qui font vibrer, ou y vivre jusqu’au tombeau.

Qui n’a pas vécu ça, ignore que le rêve
Peut mener une vie, tant pis si sur ses grèves
On s’échouera un jour. Comme moi je l’ai fait.

Autre temps, autre mœurs !… Mais vous restent l’envie
De renouer ce que le destin a défait,
De retourner aux envies de scène inassouvies.

mardi 17 juin 2025

HAÏKU APPERTISÉ

Ami trop mis en boîte se conserve mal !

L’EXEMPLE EXEMPLAIRE

Petite fable affable

Un loup repenti se fit ermite,

Gobant rosée, paissant l’herbe et cueillant fruits, baies,…
Il boudait l’ovin. Il devint mythe
Parmi les bêtes qu’il laissait quiètes et bouches bées
 Et les hommes y voyant un miracle
Que n’a pu prédire aucun oracle.

Un matin que le Sire glanait
Sa désormais bien triste et fort maigre pitance,
Il vit des bergers se pavaner
En troupeau pour quelque très sainte circonstance
Puis sacrifier, d’un coup de couteau
Moults agneaux sur l'autel, ces rustauds !

« Moi qu’ils disent « assassin » et pourchassent ?…
Moi qui une seule bête, pour vivre, tue ?!
Alors qu’ils couvrent de sang leurs châsses
En font un massacre en pieuse offrande aux nues ?!
Il faut savoir prendre pour modèle
Qui se veut exemple en nos pradelles ! »

lundi 16 juin 2025

HAÏKU HORAIRE

J’ai, paraît-il, un humour « décalé ». Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où on change d’heure deux fois par an ?!

dimanche 15 juin 2025

HAÏKU DANS LA LUNE

Depuis que l’Homme y a posé le pied, je suis persuadé que même la lune a des quartiers mal fréquentés.

SAC & RESSAC MATUTINAUX

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 29 novembre 2024

Comment ne pas plonger dans cette onde
Orange qui éloigne du monde
Quand l’aube se fait haute marée,
Par dessus le lac et ses marais,
Et submerge les nues, un instant,
Qu’à bien saisir j’ai mis tant de temps ?

Comment ne pas se jeter dans ces vagues,
Et ce rouleau flambant qui divague
En écume de feu au mitan ?
L’ombre des frondaisons s’agitant,
Friselis de dentelles plus sombres
Soudain au reflux de la pénombre,
Invite, dans les cannelle ondoiements,
À piquer une tête incessamment.

Houle curcuma, lames gingembre,…
Les cieux sont épicés en novembre,
Inondent l’horizon de beautés
Fugaces, éphémères, abricotées,…
Difficile, après ces éphémères opales,
De ce rincer l’œil dans le jour pâle !



samedi 14 juin 2025

vendredi 13 juin 2025

HAÏKU SAVANT

Les « sciences exactes » ne le restent que jusqu’à ce qu’un chercheur prouve leur relativité !

C’EST HUMAIN !

Petite fable affable

Voulant éviter de tomber de Charybde
En Scylla, les sujets d’un roi cupide
Le raccourcirent et, lors, de sa tyrannie
Tombèrent dans un dictature honnie.

L’Histoire nous dit qu’ils s’en accommodèrent
Et lorsqu’à un vieux courtisan de naguère
On demanda pourquoi, il fit, lacrymal :
« L’homme qui s'ennuie du bien, fort soupire ;
Cherchant le mieux, il trouve le Mal 
Et s'y soumet… par crainte du pire.*  »


* D’après François Gaston, duc de Lévis (1719-1787)

jeudi 12 juin 2025

mercredi 11 juin 2025

HAÏKU AU FRONT

Rien de plus c… que de vouloir passer pour plus intelligent qu’on est !

ÉPÎTRE À MA FILLE

Va, tombe amoureuse de quelqu'un qui t’aime
Tout autant que moi.… et peut-être plus même.
Je voudrais tant que tu trouves enfin quelqu’un
Qui te regarde, non comme on voit chacun,
Mais bien comme on admire un joyau unique,
Et en prend grand soin sans peur ni panique,
Sachant rester droit et te tenir la main
Dans les batailles qui t’attendent demain. 

Tu mérites un homme qui te traite en femme,
Non comme une fille ou un être sans âme,
Qui connaît la valeur de l'amitié vraie,
De la fidélité sans mie s’en sevrer,
Comme d’un foyer et, mieux, de sa famille
Ce, jusqu’aux plus infimes de ses ramilles ;
Qu’il n’ait, pour toi, que bonnes intentions
Et, chaque jour venant, belles attentions.

Qu’il n’ait pas peur de dire combien il t'aime, 
Et te le montre, même en temps de carême,
Quand l’heure le demande, sans nul appât,
Et même quand elle ne l’exige pas.
Je veux qu’en douceur, corps et coeur, il te prenne
Et qu’à chaque fois un peu mieux il t’apprenne,
Fort d’une tendresse qui soit son credo,
Un cadeau qui ne lui soit mie un fardeau.

Fuis qui, comme un trophée, voudra t’exhiber,
L’arrogant vain et le balourd imbibé ;
Ne sois, de ta vie la moitié de personne
Mais le vrai plus, ni soumise ni oursonne,
D’un être entier que tu auras su chercher
Non du premier qui voudra te démarcher.
Va, tombe amoureuse de quelqu'un qui t’aime
Tout autant que moi.… Papa, tel qu’en lui-même

mardi 10 juin 2025

lundi 9 juin 2025

HAÏKU DE TÉTRIS

L’école m’a donné une foule de bagages de toutes dimensions mais la Vie ne m’a offert que le coffre d’une Smart pour les y ranger !

L’EDEN, CÔTÉ JARDIN

Petite fable affable

Aux premiers temps de la divine Création,
Les bêtes ne formaient pas, las, pas une nation
Déjà, elles n’étaient que division, mesquine
Jalousie, amertume et querelles rabouines.
Et si pour nos aïeux, c’était le paradis,
Pour elles, c’était jà un plat fort refroidi.

Ainsi, en ces temps-là, les zèbres à raies blanches
Haïssaient tous leurs pairs à raies noires de franche
Façon. Et pas question de mie se côtoyer
Ni même, face à un danger, de s’appuyer,…

« Et c’est là, dit l’antilope, tout le problème ! »
Un soir, au marigot où, de colère blême,
Se boudaient ces bêtes qui, las, se refusaient
Jusqu’à partager la même eau. « Vous abusez,
Reprit-elle. Nous, pis, nous avons fait de même
Entre les grands koudous et les oryx qui n’aiment
Pas les cornes des autres. Et que dire des gnous,
Trop laids et gros pour les gazelles et qui, c’est fou !,
Trouvent icelles bien trop maigres et un brin bêcheuses.
À qui profitent donc ces polémiques oiseuses 
Et tous ces désamours avoués ? Au chacal,
Aux lionnes ou bien à l’humain, inamical.
Oublions, amis, ce qui fait nos différences ;
Rappelons-nous ce qui nous tient en ressemblance
En ce bas monde où le Mal, aux abois, est roi.
Quand on est la proie a-t-on vraiment d’autre choix ? »

samedi 7 juin 2025

HAÏKU HAUT MORAL ?

Pour tenir le coup, tirez-en un !

SAISON DEUX

Le choeur clair des grillons joue la partition
D’un été or et feu tout en croches chantantes.
Sur les portées d’un air en ébullition.
Le soleil, à la clé, orchestre cette entente.

Aux azurs célestes, ni pause ni action,
Spectateurs assoupis des notes concertantes
Venues de l’herbe, de l’eau, des plantations,…

Le temps traîne en langueur, sans plus d’obsessions 
- L’instant se fait moment, l’intérêt passion,… - 
Et les heures en longueur font des concessions
Aux lits d’après midi et mélodies sous tentes.

Bercé par ces accords, le ciel est en attente
D’une colère, courroux sans compassion,
Qui fera taire, un temps, sons et Création.

jeudi 5 juin 2025

HAÏKU DANS L’HEURE

D’après P. Dac

Est-il encore trop tôt pour dire qu’il est déjà trop tard ?

SIRE PERDU

Petite fable affable

Méchamment amoché,
Mais pour si peu, las, point alangui de la langue,
Le ventre brioché
Et l’air crâne de qui a les pieds dans la fangue,
Le roi des singes crie :
« La bête est solide et n’est point assez vieille
Pour faire un mort même si d’aucuns, las, y veillent !
Que cela soit écrit ! »

Donc, on se l’était dit
Chez les singes sages et les primates en goguette.
Chez les félins, pardi,
On n’entendait aller à pareille baguette.
Et cela fit courroux
Qu’on ait mots si hardis quand force ni courage,
Chez qui aurait d’affront pris un quelconque ombrage,
Ne sont pas au rendez-vous !

Les lions ont donc puni
L’impudent souverain qui, loin d’eux, fanfaronne
Mais est bien démuni
Face à leurs crocs et leurs griffes, et bien moins plastronne.
Un des fauves lui fit : 
« On ne claironne, Ami, non ce que l’on espère 
Mais ce qu’on donnerait à qui vous est épeire…
Sinon c’est un défi ! »

mardi 3 juin 2025

HAÏKU DE VOIX

Ceux qui ont le verbe haut font, souvent, voler leurs mots très bas !

MATINALE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 19 novembre 2024

J’aime l’heure toute en fards qui semble hésiter,
 
Où le monde blafard revient nous visiter…

L'heure juvénile d’un jour encore jaune
Voit la soie satinée du ciel s’enfariner
Et la nacre, l’opale et l’ambre, combiner
À l’empyrée né fauve les limbes amazones.

Une aube pleine de rosée vient transiter
Alors, toute offerte à nos croisée visitées.

L’aube offre en coupole sa généreuse aumône
À des vies habitées de bruine ou bien ruinées
Qui renaissent enfin au beau, et sans chafouiner,
Qu’importe le trône et qu’importent les prones.

Jusqu’au soir qui s’ensuie*, finis frilosités,
Souci ou ennui qui poursuit, morosité,…

Jusqu’au soir reste en nous, profond, gravée cette aune
De plaisir qu’ont connu nos yeux las, chagrinés,
À qui les douleurs et les ennui sont seriné :
Son éclat, quoiqu’éclair, nettoie mieux qu’un cyclone.

J’aime l’heure toute en fards qui semble hésiter,
  
Où le monde blafard revient nous visiter…

* qui se couvre de suie.



dimanche 1 juin 2025

HAÏKU’VETTE

Les petits merdeux font toujours de grands chi… !

LE VIEUX BEAU

Petite fable affable

Il marchait, dans l’aube nue, avec élégance.
De bons chrétiens, même, disaient « avec prestance »
Car le poids des ans, lui, ne l’avait pas voûté,
La griffe du malheur que peu ridé, bouté
Vers de bien moins chanceux. Il n’est pas de justice !
Il portait beau encor’, quoique tous ses solstices
Se lussent dans ses yeux. À le voir, on aurait
Dit qu’au vieux temps jadis il était arrimé,
Et en venait tout droit, en traversant les âges,
Sans encombre, quoi que personne ils ne ménagent.

Toujours tiré à quatre épingles, survivance
De ce bon temps où pour créer des connivences,
On se faisait courtois et galant, il allait,
Matin, à la vieille église,  et sans baratin,
Brûlait un cierge et priait, seul, dans le silence.

Un beau jour, le bedeau quitta sa somnolence
Poussé par de pieuses bigotes n’aimant
Rien moins qu’à se sucrer le bec, et puis comment !,
De commérages sans fard, au dandy demande :
« De quoi pouvez-vous, au Très Haut, passer commande :
Vous avez la santé, l’argent et la beauté.
Il vous a comblé sans compter de ses bontés ? »

Avec un sourire poli, l’homme déclare :
« Je n’ai pas la foi qu’on vouait naguère aux lares,
Ni la piété si intéressée des gens :
Je lui fais simplement, toujours bien obligeant :
Donne-moi chaque jour la force de paraître
Ce que je ne suis plus
Jusqu’au jour où il me faudra bien disparaître.
Et je n’attends pas plus… »