Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 août 2025

VIVE LA NATURE VIVE !

Sur un vers de V. Hugo

J’ai l’amour des eaux et des bois
Des vents d’été et de leurs voix
Qui sont sans mépris et sans haine
Et que pourtant nul mie n’enchaine

Et je vais au long des ruisseaux
Sous les rameaux des arbrisseaux
Chercher ma sève et une écorce
Qui font face à mon temps ma force

J’ai l’amour des prés et des champs
De nos oiseaux et de leurs chants
Sous les feuillées parfois sereines
Par-dessus guérets ou garennes

Donc je vais au long des ruisseaux
Sous les rameaux des arbrisseaux
Chercher ma sève et une écorce
Qui sont malgré la vie ma force

J’ai l’amour du parfum des fleurs
De la rosée et de ses pleurs
Ou de l’insecte infatigable
Comme des herbes inextricables

Car je vais au long des ruisseaux
Sous les rameaux des arbrisseaux
Chercher ma sève et une écorce
Qui font face à mon temps ma force

samedi 30 août 2025

CAMPAGNE PROFONDE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 12 juillet 2025

Mettant le calme en lignes
En lointains qui font signe
Qu’ailleurs n’est pas comme en nos rêves et en nos voeux
Grâce aux oiseaux verveux des vieux bosquets séveux
Qu’elle est belle ta campagne quand elle veut

S’offrant en solitudes
Où l’âme a latitude
D’errer et vaquer sans craindre de désaveu
Ni qu’y vienne en ses rangs la racaille mon n'veu
Qu’elle est belle ta campagne en nos temps nerveux

Donnant des perspectives
Aux vues les plus hâtives
Pour que s’envole au vent l’esprit comme cheveux
Loin des baveux d’ici ou là et des suiveux
 Qu’elle est belle ta campagne même aux morveux



vendredi 29 août 2025

CRÉPUSCULE

Le jour, peu à peu, décline,
Éteint son azur, endort
Son vent courant les collines ;
La brune est en plein essor.

L’ombre, tout en crinoline,
Cloue aux cieux des pointes d’or,
La rivière cristalline
Prend une voix de cador…

Là, Râ s’accroche aux carlines
Mais Hypnos est le plus fort,
Et Sélénée, opaline,
Le chasse alors sans effort.

jeudi 28 août 2025

CHANSON À BOIRE POUR NOS MANGERS

Sur une phrase de François Rabelais
Pour illustrer une photo de Marc-Yvan Custeau, 25 juillet 2025

« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Pour nos agapes, bonne gens,
Chantons-le, convives fervents.

À l’improvisade fêtons,
En frairie, notre amitié,
Faisons bringue et gueuleton
Avec excès volontiers
« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Fors censeurs ou échotiers
 Chez moi, chez toi, festoyons !
Chez le vieux cabaretier,
Ici ou ailleurs, ripaillons !

« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Car la bamboche, bonnes gens,
Ranime sens et bons vivants !

Mêlons noubas, noce et festin
Selon mon voeu et vos désirs
D’être ensemble au jour qui s’éteint :
Moisir ou dîner, ‘faut choisir !
« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Les amis des amis, d’instinct
Sont nos amis et sans rosir,
Quand la compagnie a beau teint,
La chère est bonne et grand plaisir.

« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Car cette ivresse, bonnes gens,
Rapproche bien plus qu’un divan !

Ce soir, demain, en peloton,
Coeur battant, tenons, liés,
Table ouverte et tombons vestons,
La bringue c’est volontiers :
« L’appétit vient en mangeant ;
La soif s'en va en buvant ! »
Et  plus on est de fous, fiston,
Plus on rit et nos moitiés,
Bonne franquette étant dans l’ton,
Non, ne seront pas oubliées !

« L’appétit vient en mangeant ;
la soif s'en va en buvant ! »
Pour nos agapes, bonne gens,
Chantons-le, convives fervents. 



mercredi 27 août 2025

LE JARDIN ENDORMI

Adieu roses et chèvrefeuille parfumés
Qui ont succédé au jasmin tout d’effluves ;
Adieu rosée qui leurs feuilles allumait
Aux rayons d’un soleil qui fut vite étuve.

Finies fragrances d’été épanouies
Que paraient le vol d’un frêle papillon
Ou l’éternel ballet d’abeilles éblouies.
Les fleurs m’ont quitté avec les agrions.

Dès avant les frimas, avant les gelées,
Tout a fané sous les arbres défeuillés.
Les pluies ont tout fauché, aux vents attelées ;
Mon décor s’est affadi, dépenaillé,…

Viennent les chagrins qui endeuillent des heures
Qui fleuraient, hier encore, un bonheur vrai,
Viennent soupirs funestes de jours qui pleurent,
Aux relents parfois si prégnants de regrets.

mardi 26 août 2025

SURPRISE DE L’AUBE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 11 novembre 2024


Une brume mauve, un matin, semble entoiler
Un lointain flou qui flotte entre esquisse et estompe ;
Le décor fauve, en doux plans superposés, trompe
L’œil d’un novembre au lit du ciel bien installé.

L’automne a son alcôve sur les champs noirs, talés
Jà, par les frimas mais la voilette violette,
Dentelle de parme, brode en  prune à la volette
Un air lilas qui, de lavande, s’est voilé.

Cette tendre guimauve au beau coeur d’améthyste
Peu à peu se sauve, hélas, mais l’aurore artiste
Nous réserve, je le sais, pour demain, du mieux.

Ainsi sont nos matins, pour qui vient et regarde
Plus loin que la boue sur ses souliers, crébondieu !,
Ou au-delà de son bout de nez, soit-il barde.



lundi 25 août 2025

GENS D’AOÛT

Une larme échouée aux dunes chavirées,
C’est bien tout ce qu'il me reste d’une virée
Où les vents enlacés fouettent les mouettes,
Girouettes inlassées, qui au ciel pirouettent.
Il fait foule pour voir la houle et déplorer
Les nues ingrates ou bien le Bon Dieu abhorrer.

Le bruine ou le crachin vous font la mine hagarde,
L’humeur épineuse ou l’œil noir. Je vous regarde,
Flâneur parmi les fleurs, rêveur sous la feuillée,
Vos heures de repos factice effeuiller :
Pour effacer maux du moment, jours de peine
Vous plantez vos espoirs dans la mouvante arène,
Loin des sonnailles, clarines et abois
Qui réchauffent les bois et prés auxquels je songe
Vibrant loin du cadre de l’estival mensonge.

Votre « si bel été » me laisse de bois,
Avec ses faux semblants et ses vrais simulacres :
Pour l'ivoire promis vous aurez la nacre
Si « vous payez avant… », si « vous courez après… »,
Sans vous émouvoir du sommeil d’un vieux cyprès.
Mon âme ne s’émeut des passions océanes,
Goûte peu aux caprices d’un ciel qui condamne 
Aux horizons à craindre, toujours changeants,
Où le silence est un son guère engageant.

Quittant nos autrefois sur lesquels ma mémoire divague
Pour d’hypothétiques autres fois au creux des vagues,
Vous fuyez cris et bruits d’infécondes cités
Pour vous masser un mois, crédule cécité,
Au sein de criardes cohortes dont le hâle
Tatoue l’éphémère de vacances joviales…

dimanche 24 août 2025

(re)NAISSANCE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 26 juin 2025

L’été n’est pas propice au sommeil…
Après une nuit torride et ludique,
Où les heures ont de chauds tons vermeils,
L’aurore jette sur un voile pudique
Sur le lit des amours du Ciel 
Et de la Terre, couleur miel.

Sombrent les heures sombres
De la caniculaire pénombre,
Il nous demeure un rouleau léger
De brume, comme au sol piégé.

Les oiseaux, au loin, déjà louangent
Ce tissu vaporeux qui est lange
Du jour nouveau sur qui, Quel bonheur !,
Se sont penchées toutes les étoiles
Et qui naît des nocturnes ardeurs
Que l’on sait vivre à la belle étoile.



samedi 23 août 2025

L’AUTRE MAISON

Les roses ont fleuri, las, pour personne
Et prêtes à faner, déjà buissonnent.
Août s’en va. Le silence s’en vient.
Finis brouhaha et va-et-vient.
Là, derrière les persiennes closes
Notre maison va s’endormir, morose,
Après un tout dernier au-revoir 
Qui la condamnera donc au noir.

Mais des rires d’enfants y résonnent
Et ricochent sur la mare aphone
Du trop vieux jardin, abandonné
À nouveau, à ses âmes damnées
Et aux trilles des  petits oiseaux
Qui hantent un ciel las, tout en réseaux.

Seuls, les souvenirs règnent en maître
Ne sachant certes plus où se mettre,
Ni où aller. Cave liquidée,
Grenier déserté, à cours d’idées,
Verront défiler des jours bien vides
Et les compteront, en ladres avides,
Dans l’espoir vain d’un nouveau séjour,
Impromptu, mais bienvenu toujours… 

vendredi 22 août 2025

PRÉLUDE EN SOL BRUMEUX

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 30 octobre 2024

Les ténèbres dévoilent des nues d’or,

Alors que les prés noirs paressent et fument
Et font voguer une estompe d’écume

Sur un bois qui de sépia se costume

Car l’automne naît, notre été s’endort.

Tout se dessine à l’encre et à la plume

Quand les ramées sont estampes au fusain.

Je vis un rêve éveillée, en voisin,

Loin des remous de ce monde en bousin,

À voir se lever ce voile de brume.

Les mordorés s’affichent au magasin
D’un ciel en flammes, aux teintes consanguines,

Qui affoleraient, las, nos vieilles béguines

Qui ont oublié leurs primes biguines

Et cent autres plaisirs circonvoisins.



Mais laissons ces atrabilaires doguines
Et revenons à cet après Fructidor
Qui embellit ce décor encore en tchador,

Aux derniers feux, ombreux, des verges d’or,
Aux cieux qui, déjà, s’esquissent en sanguine…



mercredi 20 août 2025

VOGUANT DANS LA MER DE NUAGES…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 2 avril 2025

Les nuages roulent leur écume aux nues,
En flots immobiles, en vagues dolentes,
L’avion plonge en leur ventre, à nous, inconnu.

Ces marées des cieux paraissent nonchalantes,
Sur l’océan flou qu’azurent les beaux jours,
Moutonnant sans cesse et ondulant toujours,
C’est que ce dais silencieux est onde lente.

Sans clapotis à son clapot, ce séjour
Céleste pourtant se meut alors qu’on vole
Et viole son étendue sans nul ajour.

On fend ce grand large et on survole
La haute mer, toute en houles méconnues,
Inondés de soleil, de bleus soutenus,
Sans flux et sans reflux, ni embruns frivoles,…




mardi 19 août 2025

CHANT D’ANTAN

Entendrai-je encor’ le flot menu des eaux,
Ruisselant dans l’ombre des vieux bouleaux,
Dont l’antique chanson sous la feuillée glisse,
Roulant, polissant les cailloux qu’elle lisse 
Pour marquer de chemin des Poucets, complice ?

Entendrai-je encor’ le flot menu des eaux,
Courant sous les bras de bosquets ancestraux,
Loin des coulées, des sentes et, mieux, des routes
Oubliées des hommes mettant en déroute ?

Entendrai-je encor’ le flot menu des eaux
Qui ravive les couleurs des chants d’oiseaux,
Ravit mon coeur avant de faire pelisse
D’un pré où il court, en rû, non sans délice,
Dégoutant ou inondant avec malice ?

Entendrai-je encor’ le flot menu des eaux, 
Pleurant, au printemps, sous les cieux aux réseaux
De ouate, dans des parfums de menthe saoule,
Abreuvant la faune des insectes en foule ?

lundi 18 août 2025

L’APPARITION

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 14 octobre 2023

Des forges des Enfers, au cœur de notre Terre,
Sort un disque d’acier rougi qui, sans mystère,

Trempera soudain dans ce qui reste de nuit.
Puis le marteau fier d’un levant nouveau, sans bruit
Frappe le pêne du matin qu'il damasquine
De couleurs chaudes en quelque danse arlequine.
C’est l’heure où les dieux ont le génie calme et sûr
D'offrir la sève des rêves et de ces joies brèves
En faisant que, perlé de rosée, il s’élève
Au ciel d’or en vainqueur des ombres et de l’obscur.

Alors, de doux frissons gagnent feuilles et tiges,

Le coq rallume sa crête, ébroue ses rémiges,

Et croit encor’ que son chant est le son du cor

Qui réveille le monde, anime son décor.
Il appelle le jour à faire tourner l’horloge
De ce temps si court où nous faisons notre bauge.
C'est miracle, chaque matin renouvelé,
Cet instant suspendu à la robe des heures
Fugaces. On ne la voit que passée, comme un leurre,
Cette aurore pourprée à nos moments volée !





dimanche 17 août 2025

BIENVENUE CHEZ NOUS !

Aie une conduite plus civile,
Toi qui nous arrive d’en ville :
Lève le pied et souris. On se lâche…
Ici, tu sais, le temps prend son temps
Et nos rues sont traversées de vaches,
D’enfants et de poules qui, de longtemps,
Sont partout chez elles, pas farouches…

Tout comme abeilles, araignées ou mouches.
Certes, ici, le temps prend tout son temps
Mais il passe et les cloches rappellent
Fréquemment qu’il est compté, comptant,
Même la nuit. Puis le jour, les belles
À clarines, qui parfois s’oublient
Sur la route, te joueront leur musique
Impromptue, toute en mélancolie.
Le silence n'est pas aphasique !

Oui, par chez nous, le temps prend son temps
Même si les coqs matin réveillent
Le soleil qui sommeille, insistants.
Ce n’est pas pire que les casse-oreilles
Des autos-radios. Et les senteurs
De lisier et de fumier parfument,
Parfois, nos nues loin de tes moteurs
Et rejets d'usines qui t'enfument !

samedi 16 août 2025

ROMAN D’AUTOMNE ?

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 26 octobre 2024

L’aube ouvre le livre du temps
À la page du jour. À l’instant.
Ses premières lignes sont celles 
D’un thriller saignant qui ocelle
Le chêne aux cheveux encor’ verts,
Et, branches perdant leur couvert,
Le hêtre à la ramée de cuivre, 
L'érable à la feuillée de sang.

On sait déjà ce qui va suivre,
Dans cet éther incandescent ;
Il va finir à l’eau de rose.
Un soleil soudain couperose
Des nues où va neiger tout l’or
De cent vers prenant leur essor
Pour arroser de leur lumière
Une rentrée à part entière…





vendredi 15 août 2025

MES AURORES BORÉALES

Sur un tableau d’Elisa S., juin 2024

Souventes fois, la nuit ne me dort
Ou s’ennuie sous des épingles d’or,
Quand, ici-bas, tout et tous sommeillent
Fors notre vieille horloge vermeille,
Ma plume ancre enfin son fil ténu
Dans le flux de flots de feuilles à nu.

En rimes, elle veut dire l’indicible
Ou bien donner à voir l’invisible
En strophes où le tracas s’endort.
Elle tente de sentir l’impalpable
De croire, un instant, à l’incroyable
Distinction du moindre bouton d’or ;
Faire entendre un silence agréable
Entre ombres et ambres, entre dieux et diable,
Pour versifier l’instant qui s’endort.
Elle cherche à toucher l’impossible
Et rendre l’empyrée accessible.

Dans le flux de flots de feuilles à nu.
Ma plume ancre enfin son fil ténu,
Fors notre vieille horloge vermeille,
Quand, ici bas, tout et tous sommeillent 
Ou s’ennuient sous des épingles d’or.
Souventes fois, la nuit ne me dort !



jeudi 14 août 2025

DEMAIN, À LA BRUNE…

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 20 septembre 2023

Demain, à la brune, à l’heure où s’ombrent les prés,
J’irai parcourir, seul, les voies de la pénombre,
Errer par les champs, divaguer par les forêts,
Forcer le clair-obscur de ces heures si sombres.

J’explorerai les bruits habillant le silence
Que l’on prête à la nuit et à ses profondeurs ;
Oublié des hommes, étranger à leur dolence,
Je me fondrai au noir d’un monde sans laideur.

Et puis je me perdrai jusque’à trouver la route
Qui mène à la grande vie que nous avions connus,
Enfants, toute en secrets auxquels le Temps ajoute
Des souvenirs enfin à nos cœurs revenus…



mercredi 13 août 2025

L’ENFER SUR TERRE…

Gê rissole et court à sa perte ;
Roussie, torréfiée, elle craque.
L’éther sec et cuit, halète, inerte.
Le ciel calciné souffre la traque ;
Les souffles rougis de l’incendie
Rendent aride même l’Arcadie.

Les ciels qui sont cendres et scories
Vont engloutir les vignes et prairies.
Partout, çà et là, crament des flammes.
Ici, ailleurs, on porte le deuil
De foyers, de forêts et on blâme
L’homme qui n’est qu’inconscience, orgueil…

Faut-il donc que tout soit consumé
Et carbonisé, ou soit fournaise,
Pour finir d’ainsi tant s’enfumer ?
Pour éviter de finir en braises ?
Le sol s’embrase, l’air et l’eau ardent
Et nous, même au grilloir, nous, on tarde…

mardi 12 août 2025

NOUVELLES VAGUES

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 14 août 2023

La plaine offerte à la journée entrouverte
En appelle aux couleurs chaudes d’un matin
Prometteur pour la rendre fertile et verte.

Là, un flux rougi déferle du lointain,
S’ourle du saumon d’une écume diserte,
Dans les jaunets, l’orangé d’embruns sans tain.

Assis au bord de la nuit j’attends, tout chose,
Que s’allume ce ciel, toujours animé,
Dans le parfum renaissant d’un rameau de roses,
L’oeil jà ravi d’un spectacle où s’abimer.

On ne peut que marcher, même fort morose,
 La tête relevée, le cœur ranimé,
Devant cet appel à vivre en apothéose,
Plus flamboyant, dans un monde déprimé.



lundi 11 août 2025

LA COMPLAINTE DE NOTRE MONDE

Sur la complainte de Pablo Neruda (L. Aragon / J. Ferrat)
 
Je vais dire notre monde
Qui se meurt, valeurs enfouies,
Là, dans une fange immonde,
Qu’Ukrainiens et gazaouies
Hélas subissent à souhaits
Mourant on sait trop comment,
Devenus pauvres jouets
De tyrans ou de déments.

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

C’est dur de vivre une enfance
S’il n’y a rien au panier,
Sous les bombes en abondance,
Et encor’ moins au grenier.
Comment sauver l’innocence
Quand survivre est un délit
Qu’est crime l’indépendance,
Et là-bas tout comme ici ?

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

Par la peur, par la famine,
On soumet ou on détruit
Et, bien mieux, on extermine
Sans que ça fasse grand bruit.
La folie prend en otage
L’humanité qui est en nous
Car, de ravages en carnages,
On s’habituerait à tout…

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

Les forts en gueule dominent ;
Les faibles subissent, hélas,
Et puis on met tout, Vermines,
Sur le dos brisé d’Atlas.
Pire si, suicidaire,
De l’une de ces douleurs,
On se disait « solidaire »,
Plus que d’une autre, Malheur !

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

Avec tes amas de ruines,
Mon monde t’es mal barré ;
Et les larmes qui tant bruinent
Ne sauront rien réparer…
Pauvre monde qui s’effondre,
Qu’au passage on asphyxie,
Tu dois souvent te morfonde
Qu’on soit dans ta galaxie !

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un beau jour se lèvera
Quand ne règne que nuit noire
Qu’aucune aube ne tuera ?

Qui peut croire, qui peut croire
Qu’un printemps nous reviendra
Quand le froid des ombres noires
De l’hiver étend ses bras ?

dimanche 10 août 2025

FIN D’ÉTÉ AU QUÉBEC

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 28 août 2023

Un voile de brume se faufile au dédale
Des bosquets, se perd au labyrinthe du bois.
Il cherche son chemin, erre et vit aux abois,
Ce canon vaporeux, le plus traîtreux des châles.

S’est-il égaré à suivre le vent, hautbois
De cette aube allumant le ciel fardé qui boit
Les lueurs naissantes comme douceurs pluviales ?

L’air n’est jamais glacial aux méandres fluviales
De cette écharpe-là qui s’étire à cœur joie,
Pour courir la plaine, soudain devenue proie,
Taillant sa route en fugaces voies vicinales.

Là, un peu de ce drap, fantôme d’autrefois
S’accroche aux buissons gris, lambeaux sans foi si loi,
Que le jour efface comme buée le doigt…



samedi 9 août 2025

ÉPIPHANIE DE MES INSOMNIES

Inspiré de Paul Éluard (1895-1952)

Entre ma mort prochaine et moi,
Ce qui fait, ōc, tout mon émoi,
S’étendent la jungle de l’injustice,
 Le marais homicide des malheurs,
ōLes sables mouvants des grandes douleurs,…
Ainsi de solstice en solstice,
Ma vie oscille : désespoir

Ou encore ultime raison de vivre ?
Ne reste que colère au soir
Dont même la nuit, mie, ne me délivre.

Entre ma mort prochaine et moi
Et ce, hélas, de mois en mois,
S’étoffent le maquis de l’inadmissible,
L’inanité de l’inhumanité,
La foule des innocents pris pour cibles,…
Non sans ambiguïté
Vont mes jours qui se désespèrent
D’un monde assourdi qui, lui, toujours va
Sans valeur et, pis, sans repères
De mouroirs voulus en tas de gravats.

Entre ma mort prochaine et moi,
Coeur et âme perdent leur moye
Tant les Lumières, ici, ailleurs, s’éteignent
Et la Raison se fond aux limbes, perdue
Dans le mépris et l’injure des teignes,
D’égoïstes à la langue bien pendue,…
L’espoir m’est une absurde absinthe.

On tue l’Amour, dès lors sans passion,
Et la Liberté, jà contrainte :
La Création se meurt d’oppression.

vendredi 8 août 2025

AU DÉTOUR DU BOIS

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 16 novembre 2024

Au détour du bois qui dort au noir

Nous attendent quelques couleurs d’espoir
Qui passent aux ciels nés d’aube et d’aurore,
Qui restent aux lointains venant d’éclore.

Au détour du bois qui dort au noir,
Alors que s’allument champs et promenoirs,
Je goûte aux beautés qu’offrent la Nature
En passant du matin, allant par pâtures
Et labours loin de l’urbain laminoir
Qui passe, hélas, nos sens à l’égrenoir ;

Au détour du bois qui dort au noir
Sont des pastels trop vite à l’éteignoir,
Qui passent aux ciels qui, matin, s’édulcorent
Mais restent aux lointains que lueurs picorent.



jeudi 7 août 2025

LA VIE N’A PAS D’ÂGE

Sur un vers de J. Prévert

« La vie n’a pas d’âge » disait Prévert
Surtout, ma foi, si on la vêt de vers
Et cela même si, sans cesse, on chante
Les printemps d’antan, hier et ses hivers,
Les étés passés en rimes touchantes
Ou bien les automnes habillés de vair.

« La vie n’a pas d’âge » si, sans travers,
La tonnelle étoilée, à ciel ouvert,
Pleut de cette poudre d’or qui enchante
Jusqu’au plus obscur des sombres couverts
La mer, en robe d’écume, méchante, 
Ou heurte plage ou grève. Avers. Revers.

« La vie n’a pas d’âge » disait Prévert
Malgré le temps, ce prédateur pervers,
Qui rapace nos vies, l’ennui qui hante
Nos jours et nos nuits dans cet univers
Quotidien, plein d’heures trébuchantes
Qui ne veulent jamais nous mettre au vert.

mercredi 6 août 2025

AU SOIR

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 6 novembre 2024

Vêpres sonnent au loin. Le jour las fuit les bis.
La lumière meurt au coeur des volubilis.

Abandonné, notre lac à l’âme câline
Sous la caresse d’une brise pateline.

Mais sous des nues aux tons flamants, aux teintes ibis,
S’endort l’oxalis et rougit le physalis.

Les eaux opalines, qui semblent comme orphelines,
Se souviennent qu’elles ont été cristallines.

Le couvert, sombre, exhale des parfums de lys.
L’onde assombrie berce les roseaux, les iris,…

Sous la caresse d’une brise pateline,
Abandonné, notre lac à l’âme câline.

La lumière meurt au coeur des volubilis.
Vêpres sonnent au loin. Le jour las fuit les bis.



mardi 5 août 2025

HEUREUX… OU PRESQUE

C’est l’azur du ciel que je vois
Et que, seul, je porte au pavois
Depuis le clair de ce sous-bois

Simple et tranquille.
Nul nuage n’est aux abois,
Ni quelque idylle
Bien plus fragile
Que de l’argile.

Le vent qui souffle en son hautbois
Prend certes une céleste voie.
Elle aime à entendre sa voix,
Envoi futile
De souffles chauds et grivois
Rendant fébriles
Âmes dociles
Et cœurs fragiles.

Sous l’azur du ciel que je vois
Où nuées n’arrivent en convois,
Ces mots je vous envoie,
Bien malhabile
Mais auxquels ces nues pourvoient,
Ciel immobile
Où maux jubilent
Et, las, reptilent…